Messages de soutien à l'auteur de "La Mauvaise vie"

LETTRE ENVOYEE PAR YANN-BER TILLENON A FREDERIC MITTERRAND

     En tant qu’artiste, je tiens à t’assurer aujourd’hui de mon soutien en cette période difficile que tu traverses courageusement. « Tout ce qui ne tue pas renforce !... ». Comme disait ce brave autre Frédéric !!!... 

     Nous avons eu l’occasion de nous rencontrer, il y a bien longtemps. C’était à l’Entrepôt dans les années 70 et avec notre ami Jacques de Ricaumont dans les années 80. Je venais juste de passer chez Dechavanne… Je m’étais fait l’avocat des Hooligans !!!... Souvenirs souvenirs … Je vous retrouve en mon cœur… Comme chantait Johnny… Tout cela va vite passer, car, à mon avis, ceux qui te critiquent sont en totale contradiction avec eux-mêmes, compte tenu de ta démarche. Tu trouveras ci-après, deux messages que je viens de diffuser sur Internet.    

     Yann-Ber TILLENON.         

    

1.

     « La polémique au sujet de Frédéric Mitterrand, les attaques des donneurs de leçons qui s’ensuivent finissent par devenir vraiment scabreuses  de la part de gens qui se voudraient preux chevaliers redresseurs de torts !

     Personnellement, l’histoire a commencé par provoquer des réactions ironiques de ma part pour la tourner en dérision.  Les interprétations multiples  débouchent maintenant chez moi sur un agacement certain.

     En effet, il me semble que le problème qui se pose réellement aujourd’hui au sujet du ministre de la culture c’est de savoir si c’est  un « bon » ou un « mauvais » ministre de la culture. Un point c’est tout !  Le reste ne regarde surtout que lui-même et sa propre conscience. Il ne fait pas l’objet de poursuites !...

     Or, si je comprends bien, il est reproché à Frédéric Mitterrand d’avoir écrit certaines choses scabreuses dans un livre titré : « La Mauvaise vie ».  Je ne veux pas me faire l’ « avocat du Diable »…  Ses préférences sexuelles ne sont pas les miennes. Je ne cherche pas à justifier quoique ce soit. Mais il ne faut pas pousser !… Il a bien écrit : « La MAUVAISE vie » et non pas « La BONNE vie » !...  

     Les « moralistes » ne devraient-ils donc pas prendre en compte qu’il abonde dans leurs sens, qu’il a, probablement, essayé d’écrire un livre de repentir un acte de « contrition » ? N’a t-il pas chercher à exorciser sa mauvaise conscience ? N’est-ce pas plutôt très courageux et exemplaire de sa part de rendre publique sa confession ? Beaucoup de gens connus, hommes politiques ou autres, feraient peut-être bien d’en faire autant, non ?  Jusqu’à preuve du contraire, il désapprouve ce qu’il raconte ! Il n’en fait pas l’apologie !... Il faut donc dédramatiser ! Il faudrait peut-être arrêter le délire, braves gens  moralisateurs ! 

     À force de faire de la déontologie à bon marché ne devient-on pas immoral soi-même en s’acharnant sur un type qui, précisément,  a cherché, apparemment, à devenir « moral », justement, par son autocritique ?... N’êtes-vous pas en contradiction ?...« Se tromper est humain, persister dans son erreur est diabolique » (Saint Augustin) N’est-ce pas valable pour tout le monde ?... »

2.

     J'ai souvent rencontré Frédéric Mitterrand, depuis une trentaine d'années ! Depuis l’époque de son centre culturel, l’ « Entrepôt », près de chez moi, rue Francis de Préssensé dans le 14e. Je le voyais souvent là-bas, près de Montparnasse.

     J’en pense quoi ?...  

     D’abord, il est de 1947, comme moi, de l’après-guerre, du « baby-boom »… Comme Francis Huster, Alain Bashung, Michel Berger, Patrick Dewaere… Comme des centaines d’autres artistes, il a cherché a créé un autre monde que l’enfer qui venait de s’éteindre deux ans avant et qui se rallumait sporadiquement, durant notre enfance, en Indochine, en Algérie etc. Ces recherches sont partis dans tous les sens ! Elles ont donné naissance à Mai 68 et à d’autres investigations plus ou moins heureuses et maladroites depuis.

     Il en reste aujourd’hui des sexagénaires, souvent grands-pères. Ils commencent à faire un bilan de leur vie, une « mise au point ». Elle est aussi souvent une « mise aux poings » comme avec Frédéric Mitterrand parce qu’il a eu le courage de faire un livre sincère, une auto critique !... Je pense que c’est un « mea culpa », un livre ou il fait un bilan de ses erreurs, de ses qualités et de ses défauts, de ses vices et de ses vertus. Et alors ?... N’est-ce pas positif ? Beaucoup d’autres ne devraient-ils pas en faire autant ? Restituer à la société, pour l’enrichir, la faire évoluer, le fruit, l’analyse critiques de leurs expériences concrètes ? J’en pense quoi ?... 

     Je pense que les « moralistes » sont en contradiction avec eux-mêmes puisqu’ils attaquent un auteur qui, justement, à décrit comme « mauvais » ce qu’ils lui reprochent !... N’est-ce pas absurde ?...  Je ne partage pas toutes les « orientations » de Frédéric Mitterrand, mais c’est un homme très cultivé. Il est très compétent sur le plan artistique. Après ce qu’il a nommé « La mauvaise vie », je pense qu’il a le droit de pouvoir nous écrire maintenant ce qu’est « La bonne vie » en partant sur une nouvelle base, après son expérience de Ministre de la culture pour construire le futur, la « Grande Europe » !...