Eliezer Ben Yehuda

Yann-Ber TILLENON :

Eliezer BEN YEHUDA-PERLMAN, 

 

un exemple pour "BREIZH"

Eliezer Ben Yehuda est un exemple pour l’Emsav afin de bâtir "Breizh" pour remplacer "Bretagne".  Il fut lui-même un des fondateurs d’Israël en Palestine. Il est né le 7 janvier 1858 de Yéhuda Leib et de Feyga Perelman, très loin de son pays, en Lituanie, (Biélorussie d’aujourd’hui) comme beaucoup d’Emsaverion sont nés loin de Bretagne...

Eliezer Ben Yehuda, journaliste et philologue a joué un rôle fondamental dans la renaissance de l'hébreu moderne, quelque cent ans après la renaissance de l'hébreu comme langue littéraire, au commencement de la Haskala. Ce qui correspond plus ou moins chez nous à l’histoire du premier Emsav.

Comme beaucoup de garçons-juifs élevés en Europe de l’Est à la même époque que lui, il sera élevé avec l'hébreu biblique et talmudique (équivalents de nos bretons dialectaux) pendant 9 ans.

En effet, dès l'âge de trois ans, il débuta l'étude des principaux textes de la liturgie hébraïque que sont la Torah et Mishna, comme nos grands parents paysans lisaient  "Buhez ar sent", la  "vie des Saints"...

Son père meurt. Eliezer a 5 ans. Sa mère le confie à son oncle David Wolfson. Il commença ses études dans une yeshiva. Il la quitte pour se rendre dans une petite ville où Dvora Yonas, fille d'un écrivain connu, lui enseigne le russe et le français. Il se rend ensuite à Paris pour y entreprendre des études médicales. Pendant tout ce temps, il lit de nombreux ouvrages en hébreu, et rédige aussi des articles dans cette langue. C'est alors qu'il adopte le nom de "Ben Yehuda" (son vrai nom est Perlman).

Il écrit en 1877 : "Les Juifs ne peuvent être un peuple vraiment vivant que s'ils retournent au pays de leurs pères, et que s'il reviennent à la langue hébraïque". Il parle l'hébreu en toutes circonstances : à ses amis dans les cafés parisiens, et même à la gare, où il demande son billet en hébreu.

Il décide de monter en Eretz Israël en 1881.

Dvora Yonas vient le rejoindre : ils se rencontrent au Caire, où ils se marient, puis se rendent en Palestine. Dans le bateau, qui les mène à Jaffa, Eliezer commence à enseigner l'hébreu à Dvora, et dès lors ils ne parleront plus que dans cette langue.

Ben Yehuda s'installe à Jérusalem, où les Juifs forment alors une communauté très démunie, mais qui constitue déjà la majorité des habitants de la ville. Il commence à travailler au journal hébreu Ha'havatseleth ("Le lis"). En 1884, il fonde son propre journal Hatsvi ("Le cerf"), dans lequel il exhorte les Juifs à construire Eretz Israël et à ne parler qu'en hébreu, avec la prononciation sépharade.

Il exige que l'on n'étudie qu'en hébreu dans les écoles. On trouve aussi dans son journal une section consacrée aux nouveaux mots qu'il invente pour enrichir la langue hébraïque moderne.

En dehors de son travail de journaliste, Eliezer Ben Yehuda est professeur à l'école de l'Alliance Israélite Universelle. Il y enseigne toutes les matières en hébreu, bien qu'il soit difficile pour les élèves d'étudier dans cette langue qu'ils ne parlent pas chez eux, et dans laquelle il n'existe pas de manuels scolaires.

En dépit de toutes ces occupations, il ne gagne pas assez pour assurer sa subsistance et celle de sa famille. Son travail incessant et l'inconfort de son logement provoquent une rechute de la tuberculose dont il avait souffert dans son adolescence. Il sent que ses jours sont comptés. Il redouble donc d'ardeur au travail, selon sa devise : "Le jour est court et le travail est grand" (Pirkei Avoth).

Il commence à rassembler, à partir de la littérature de tous les siècles, des mots et des expressions hébraïques, dans le but de les actualiser et de composer un dictionnaire de l'hébreu moderne.

Un fils naît de Eliezer et Dvora. C'est le premier enfant des temps modernes auquel ses parents ne parlent que l'hébreu. Il n'a pas le droit de jouer avec d'autres enfants, pour ne pas entendre d'autre langue. Ce n'est que lorsque leur naîtront quatre autres enfants que la maison s'emplira de cris et de rires. Mais ce bonheur sera de courte durée : Dvora tombera malade et mourra de la tuberculose.

De plus Ben Yehuda subit des persécutions des Juifs ultra-orthodoxes de Jérusalem. Ils sont opposés au sionisme et à la renaissance de l'hébreu, à l’hébreu moderne comme de nombreux bretons sont opposés au celtisme et à la renaissance du breton, du breton moderne... Ils proclament son excommunication et le dénoncent au gouverneur turc comme révolutionnaire. Il est arrêté, et ne sera libéré que par l'intervention du Baron de Rothschild.

Eliezer Ben Yehuda se remarie avec Hemda, la jeune soeur de Dvora. Elle est  prête à apprendre l'hébreu moderne. Peu à peu, d'autres habitants de Jérusalem, ainsi que les pionniers des localités agricoles, apprennent à parler cette langue, et la maison de Ben Yehuda devient le centre du Comité de la Langue hébraïque (fondé en 1904).

Il visite les localités pionnières du pays. Cela le confirme dans l'idée qu'il doit donner au peuple un grand dictionnaire de la langue hébraïque. Dès lors, il travaille jour et nuit à ce projet. Il se rend en Europe dans les grandes bibliothèques universitaires, pour y étudier les livres et les manuscrits en hébreu ancien.

Le premier volume est publié en 1909.

En 1914 il part pour New York avec sa famille. Il fuyait les persécutions ottomanes. Il revient à la fin de la guerre. Il a alors la joie d'assister à l'accroissement de Jérusalem, et de constater qu'on parle de plus en plus l'hébreu dans le pays.

Son rêve sera réalisé lorsque l'Administration mandataire britannique reconnaîtra la langue hébraïque comme langue officielle en Eretz Israël. Il deviendra lui-même, de son vivant, un personnage légendaire aux yeux du peuple.

Ben Yehuda rendra l'àme à Hanoukka 5683 (1922). Des milliers de personnes assisteront à son enterrement, et trois jours de deuil seront décrétés dans le pays.

 

Eliezer Ben Yeyuda