THEODOR HERZL (1860 - 1904) FIGURE EXEMPLAIRE POUR L'EMSAV

Ce héros du sionisme moderne, était à la fois écrivain, journaliste, sociologue, diplomate. Il fut un grand homme de coeur et d'action. C’est une figure exemplaire pour l’Emsav et la construction de "Breizh" et en finir avec "Bretagne".

La souffrance humaine le déprimait et, pourtant, stimulait son énergie.

Né en Hongrie en 1860, il aperçut, très jeune encore, dans les quartiers pauvres de Londres, toute l'indigence cachée sous le luxe de la civilisation. Ses écrits d'alors : Le printemps dans la misère, et Solon Blud, rêvent déjà de relèvement et de délivrance : "...J'entrevois la terre joyeuse de l'avenir, des villes resplendissantes et des jardins exhalant le parfum de l'amour..." - "Les hommes libres et leurs corps droits, les femmes élevant des enfants heureux dans des demeures sans souci, de grandes oeuvres florissantes et prospérant, et la vie développant avec art son essence la plus élevée."

Ces premiers écrits d'Herzl sont proches de ses essais d'étudiant, quand il publiait à Vienne les Causeries frivoles et Le voyage en Espagne, de style alerte et déjà saisissant.

Son émotion, grandissant à la vue du monde chaotique et des injustices humaines, fortifie sa plume acerbe et révoltée. Les feuilletons parus à Londres, et qui ne semblent d'abord que de simples articles de presse, formeront un bel ensemble philosophique, reflets, au jour le jour, de l'humanité agitée, trompeuse, trompée.

Herzl était à Paris le correspondant du journal viennois : La Neue frei Presse. Il était très estimé comme critique, à l'aube d'une existence au-devant de laquelle tous les succès accouraient, lorsque l'affaire Dreyfus éclata. Le grand polémiste fut douloureusement frappé de voir l'antisémitisme s'insinuer dans une nation généreuse comme la France, dont l'esprit l'avait conquis.

Il ne connaissait guère le judaïsme; il se pencha sur l'histoire juive, cette admirable leçon d'énergie et d'amour. Et il conחut l'espoir de créer, pour ses frères du monde entier, une nation où ils puissent épanouir leurs aspirations et leurs capacités.

C'est alors qu'en une inspiration fiévreuse et frémissante, il écrivit à Paris son Etat juif.

Il n'avait lu ni Hess ni Pinsker, mais avec la force du génie, il lève l'étendard du sionisme. Dans ce livre, Herzl pose la question du judaïsme national comme une question mondiale, devant intéresser toutes ces puissances : "Il faudrait aux Juifs un Etat, dans un pays dont ils auraient la souveraineté. Il suffirait aux nations d'accorder aux masses juives malheureuses, un petit coin de terre, que le judaïsme aurait la charge d'organiser et de faire prospérer."

Herzl se heurte, en occident, à une incompréhension farouche. En France, en Angleterre, Autriche, on le traite de rêveur et d'utopiste dangereux. Il obtient à grande peine une entrevue avec le baron de Hirsch, mais ne parvient pas à convaincre ce généreux philanthrope de l'utilité de ses projets.

Cependant, deux âmes enthousiastes vibrent au rêve Herzlien, et ces deux amitiés profondes seront pour le grand pionnier un réconfort : c'est, à Paris, le docteur Max Nordau, médecin et philosophe réputé dans le monde entier pour ses courageuses critiques littéraires ; c'est à Londres, le merveilleux poète Israël Zangwill, lyrique peintre des ghettos et des grandeurs juives, dont la vie entière est aussi un apostolat.

Herzl donne, à Londres, une grande conférence, organisée par son ami Zangwill, sans réussir à faire prendre au sérieux son projet. Cependant l'Etat juif, paru en 1896, enthousiasme de milliers de Juifs de l'Europe orientale, dont plusieurs acclament Herzl comme un Messie.

Il se sent plus que jamais le porte-parole du peuple. Il décide de fonder un hebdomadaire sioniste, soutenu par ses propres moyens; car Herzl, qui possédait une assez belle fortune, la sacrifia entièrement à son idéal.

Herzl prépare le premier Congrès sioniste de 1897, que l'on devait appeler "le Congrès-messie". Là, deux cents délégués, réunis à Bâle, définissent le sionisme : "le sionisme a pour but de créer, pour le peuple juif en Palestine, un foyer garanti par le droit public." Herzl s'attire la confiance passionnée de l'Assemblée, qui compte de brillants intellectuels.

Rabbi Mohilver adresse au congrès une lettre dans laquelle il développe la mission d'Israël et les promesses messianiques. Dès lors, Herzl augmente sans arrêt son activité, et les obstacles nouveaux appellent en lui des énergies nouvelles. Il fonde l'Organisation sioniste, la banque Sioniste et le Fonds de Rachat de la Terre (Keren Kayemeth Leyisraël).

Chaque année, un nouveau congrès assemble les militants. Herzl a obtenu l'approbation enthousiaste du grand-duc Frederik de Bade. Celui-ci lui a procuré des audiences de l'empereur d'Allemagne Guillaume II, et Herzl dîne, en 1901, à Constantinople, à la table du sultan Abdul Hamid, qui le compare au roi Salomon et le recommande à son grand vizir.

Un charme magnétique personnel intense, la haute conviction de sa mission nécessaire, acquérait au héros sioniste d'ardentes sympathies. Mais il s'usait en efforts trop fréquents devant la résistance des inerties humaines.

En 1902 il publia un roman d'anticipation sur la vie en Palestine, "Terre ancienne Terre nouvelle" (Alneuland). Le titre de ce roman fut traduit en hébreu par Tel Aviv, et c'est ce qui donna son nom à la ville nouvelle.

Quand, en 1903, les persécutions redoublèrent en Russie, Herzl traversa l'Europe une fois de plus. Il alla trouver personnellement le ministre du tsar pour lui parler du sionisme.

Aux sixième congres de 1903, Herzl révéla une offre du ministre anglais des Colonies : celui-ci proposait de concéder aux sionistes un territoire en Ouganda, leur assurant, par charte, une complète indépendance. Ce refuge provisoire, si utile, n'empêcherait pas de poursuivre l'action en faveur de la Palestine.

Le congres comptait cinq cents délégués et parmi eux, près de deux cents délégués russes, qui refusèrent cette proposition et quittèrent même l'assemblée en pleine session. Ils adressèrent à Herzl un ultimatum pour exiger l'abandon de cette idée. Cette révolte fut une nouvelle cause de fatigue pour le vaillant champion.

Malgré la maladie de coeur qui l'accablait, il travailla avec acharnement, et organisa une réunion du Comité d'action sioniste à Vienne en 1904. Il avait renoncé à l’Ouganda et il repris ses négociations avec le gouvernement turc.

Herzl disparut prématurément en juillet 1904, n'ayant pas cessé de servir une des aspirations millénaires d'Israël, qu'il avait puissamment enracinée, par son labeur géant, son courage et son dévouement.