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Pierre TILLENON


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le : 04. 09. 2007 [20:10]
Yann-Ber TILLENON
Yann-Ber TILLENON
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Dans la Tradition européenne, entre les guerriers devenant “Chevaliers militaires” pour figurer la "volonté mise en ordre" et les compagnons devenant “Chevaliers du travail” pour matérialiser l'"Intelligence mise en forme", il n’y a que les armes qui changent. Tous ces disciples philosophes se retrouvent avec des femmes devenant “Dames” qui symbolisent l'"Amour muté en sagesse" et l'énergie donnant la vie. Tous et toutes doivent incarner l’esprit, la trilogie, la trinité, le "Tribann" dans le même idéal de bâtisseurs d’États. Ces États philosophiques doivent représenter, reproduire l'ordre cosmique sur terre. Pierre TILLENON, "Thénénan" de son nom de Chevalier, était disciple de la fonction "Intelligence/forme".


Pierre Tillenon est passé sur l’autre rive de la vie samedi 21 juillet à 14 h 30.
De l’église d’Alfortville où il fut baptisé à l’église de Chevilly-Larue pour ses funérailles, il y a le long chemin d’une vie de 83 ans. Elle passe par Boulogne, Montparnasse, Lannilis, pays de sa famille bretonne, Villejuif, L’Haÿ-Les-Roses, de nombreux pays étrangers et aéroports de travail comme Orly, Le Bourget etc…

Par idéal, il apprit d’abord le noble métier de chaudronnier forgeron, fonction sacrée chez les Celtes. C’était un homme de coutume. Il venait de l’aristocratie paysanne du « Léon », pays de « légion », surnommé la « terre des prêtres » en Bretagne du Nord.

Ce « Père tranquille » généreux était un ancien résistant correct. Il avait rejoint le réseau FFI du Finistère à 19 ans sous le nom de « Lejeune ». Il était proche du Conseil national de la Résistance après que son association, la « Jeunesse ouvrière chrétienne » fut interdite en août 1943. Il s’est, ensuite, engagé dans l’armée de Leclerc pour la durée de la guerre en 1944.
Il fut garagiste puis Cadre consciencieux dans l’aviation comme Radio et Mécano cellule, Il travailla pour la SNECMA, la SEPR, la TAI, AIR INTER, AIR France. Il fut aussi un philosophe à la manière classique. Il n’était pas intellectuel mais spirituel. Ce disciple de Saint Eloi était un perfectionniste, un Maître Ouvrier, un compagnon du devoir de l’aristocratie ouvrière. Les carlingues d’avion étaient pour lui les nouvelles armures de la chevalerie. Son modèle était le Chevalier de la Renaissance, bâtisseur de cathédrales. Il avait reçu une bonne éducation celtique traditionnelle, par son père, pharmacien et Druide de Bretagne. Il l’intronisa, jeune aspirant, dans le collège des druides sous le nom de « Thénénan ».

Il fut toute sa vie un catholique tempérant, Preux du travail, c’était un constructeur calme, non-violent et mesuré. C’était aussi un artiste, bon dessinateur et bon peintre. Il construisit tout seul sa maison en banlieue parisienne à L’Haÿ-Les-Roses. Il était humble et très discret. Il aspirait simplement à être tranquille pour bien travailler. C’était aussi un diplomate prudent au service du Vrai, du Bien, du Beau.
Il fut patron, employé, pauvre, puis riche, puis pauvre à nouveau mais toujours honnête et déterminé. Avec gaieté, il habitait dans le quartier de ses anciens ouvriers qui l’aimaient aussi pour son ironie. C’était un humoriste. Il était désintéressé et restait au service des valeurs européennes classiques. Il aimait la rectitude. Il disait qu’il fallait avoir une pensée juste et droite pour avoir une conduite correcte.
C’était un original hermétique. Il avait fait son devoir national, mais ne s’était même jamais inscrit aux « anciens combattants ». Il n’aimait pas l’esbroufe, les lauriers de la gloire et de la célébrité. Il avait droit à plusieurs décorations, mais la seule qu’il accepta fut la « médaille du travail »… Avec bon sens pratique, il jugeait toujours les gens sur leur travail concret et non pas sur leurs discours abstraits.

Il avait une éthique fondée sur « Honneur et travail », l'honnêteté, la fidélité à la parole donnée, le service rendu, la générosité. Il ne recherchait pas le grand confort mais l’effort et la persévérance.
Toute sa vie, il a su rester très modeste. Il était attentif avec les dames, bienveillant avec les enfants, affable avec les personnes âgées, indulgent avec les égarements et les faiblesses d’autrui. Ce patriote réservé était resté fidèle à l’esprit de famille et à son engagement dans la JOC étant jeune.

C’est un très gentil et bon vieux soldat qui est parti aujourd’hui à 83 ans dans la sagesse divine et les lois de l’ordre cosmique qu’il a toujours respecté. Je sais qu’il sera bien jugé et qu’il est bien là où il se trouve parce qu’il n’est pas mort en héros mais qu’il a vécu en héros. Il a été fidèle, au quotidien, à ses choix, à son éthique. Ce qui est souvent beaucoup plus difficile.