Fils sans nouvelle réponse

FIN DE LA MODERNITÉ


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le : 06. 02. 2007 [01:36]
Yann-Ber TILLENON
Yann-Ber TILLENON
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Les Temps Modernes - on dit aussi la Modernité - étaient fondés sur un certain nombre de croyances, elles-mêmes fondatrices de mythes qui, pendant trois siècles au moins, ont été les moteurs des sociétés occidentales: le progrès, lié à la notion de croissance en tant que source du bonheur et mesure du succès ; le primat de la raison et la conviction de l'existence d'une rationalité et d'un ordre ultimes, illustrés notamment par la divinisation de la Raison, à qui on voua un culte en tant que déesse lors de la Révolution ; le règne de l'ordre, imposé au monde au nom de la raison et du progrès ; le rêve de l'optimum collectif selon lequel il existe toujours une solution idéale dans tous les domaines. Ces croyances ont été à l'origine d'une vision unidimensionnelle de la réalité qui a réduit le réel à ce qui est mesurable et pensable par la raison. Ainsi s'explique que les finalités du monde moderne ne soient que matérielles.

Progrès, raison et ordre : ce tryptique aboutit à une mentalité qu'on peut qualifier de rationalité technocratique, caractéristique de notre siècle, et selon laquelle le monde est rationnel : les problèmes ont tous une solution que peuvent trouver des experts, spécialistes bien formés. Dotés d'un tel savoir, ils sont ceux qui ont vocation à diriger la société. Ainsi s'est installé le règne d'une pensée binaire, régie par la logique du ou, selon laquelle on pense les choses en noir ou blanc, de telle façon que l'incertitude est exclue mais qui, en contrepartie, empêche toute vision d'ensemble.

C'est ainsi qu'en toute bonne foi, la quête du paradis terrestre issue de la religion chrétienne nous a conduits à la planification et à la bureaucratie ; et à un ordre binaire, statique, incarné par les deux blocs, garanti par la terreur réciproque. Si l'Emsav doit trouver un chemin devant lui n'est-ce pas celui de l'alternative? Qu'en pensez-vous à Kêrvreizh?

le : 06. 02. 2007 [01:52]
Yann-Ber TILLENON
Yann-Ber TILLENON
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Très juste ! J’en suis personnellement, parfaitement conscient. C’est bien pour cela que Yann-Ber TILLENON dérange sur certains forums. Les « Adsavrutis », comme il dit, l’ont même interdit du leur ! Il y avait un peu trop répété que le « mouvement breton » dont ils font partie, n’est que la mauvaise parodie de ce qui se passe ailleurs dans la modernité en déliquescence. C’est bien pour cela que le mouvement breton n’ayant effectivement rien d’original, ni de nouveau à proposer, il n’intéresse personne !

Les caractéristiques mêmes de la mentalité occidentale moderne, ont fait que nul n'a su, ni pu, prévoir la chute du mur de Berlin et ses multiples conséquences. Depuis, elles nous précipitent dans une inimaginable ère du flou : un nouveau moyen âge. Les outils de réflexion qui étaient les nôtres jusqu'à aujourd'hui ne nous permettent plus de concevoir ou de comprendre la situation actuelle. Car pour être compris, ce nouveau moyen âge suppose une approche multidimensionnelle du réel, capable de rendre compte de la complexité : une logique du « et », comme dit Tillenon, susceptible de relier les aspects contradictoires, noirs et blancs, « gwenn ha du » de la réalité. Cela implique pour chacun l'effort de renoncer au confort des idées reçues et pré-établies !!! Le chemin de « l’Emsav » dont tu parles est celui d’un nouvel espace géopolitique, d’une renaissance européenne !...
le : 06. 02. 2007 [02:01]
Yann-Ber TILLENON
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A propos d’un nouvel nouvel espace géopolitique, il faut lire Alain Minc !

Il dit que le temps des réponses simples est révolu. Pour illustrer cela, il montre que les différentes cartes, économique, politique et stratégique, ne coïncident plus. C'est notamment le cas en Europe, qui fait actuellement figure de géant économique et de nain politique. A l'intérieur même de l'Europe, la Russie est un géant militaire et un nain économique en évolution. La Grande-Bretagne est plus puissante militairement qu'un pays comme l'Allemagne, géant économique et politique.

Une ligne de fracture parcourt le continent européen de la frontière lithuano-polonaise jusqu'aux confins des républiques musulmanes de l'ex-Union soviétique. En Ukraine, la juxtaposition entre le monde orthodoxe et le monde catholique marque encore aujourd'hui la frontière qui séparait les anciens empires russe et austro-hongrois. Le processus de regroupement ethnique en cours - tant parce que les guerres font du nettoyage que parce que les peuples n'ont pas d'autre source de cohésion que leurs retrouvailles ethniques - laisse présager d'importants changements de frontières et d'énormes déplacements de populations. Des conflits menacent : dans plusieurs républiques de l'ex-empire soviétique ; entre la Hongrie et la Roumanie où habite une minorité hongroise ; entre la Roumanie et la Russie, en Moldavie, habitée par des Roumains ; entre les Bulgares, les Grecs et les Turcs (dont on peut s'attendre au retour en force), en Macédoine, etc.

"Au pire, l'Europe sera le continent du chaos ; au mieux celui de la complexité."