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LES HÉROS FICTIFS


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le : 01. 04. 2007 [02:25]
Yann-Ber TILLENON
Yann-Ber TILLENON
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LES HÉROS FICTIFS.

Il existe près de Kêrvreizh, à Montparnasse, une boutique de jeux vidéos. Elle fonctionne à fond jour et nuit ! C’est tout à fait emblématique de notre époque.

Un des plus amples phénomènes de la société virtuelle française, et occidentale en général, est le jeu vidéo en ligne. Il réunit des millions de compétiteurs actifs sur terre. Ces « champions » combattent constamment contre les assauts de leurs ennemis potentiels. C’est fabuleux!...

À l’instar de tous les autres divertissements vidéo, en ligne ou non, « World of Warcraft » concentre l'ambition de nos contemporains à exister dans un aspect héroïque à travers l’engagement et le dépassement de soi-même.

Mais est-ce vraiment du sacrifice ?... Ne sommes-nous pas plutôt en présence de « Don Quichotte » postmodernes ?...Ne se battent-ils pas contre de nouveaux moulins à vent ?...

Ces jeux vidéos s’exhibent pour ce qu’ils sont : un passe-temps, une compensation, c'est-à-dire une fuite face aux difficultés d’une existence quotidienne misérable. Installés dans un univers ludique et chimérique, ils ne renferment aucune valeur éducative qui concéderait ultérieurement à l’individu de défier les vrais obstacles de sa vie.

Néanmoins, l’héroïsme semble une nécessité capitale de l’être humain. Il reste en quête d’un idéal suprême. D'après une nouvelle enquête (CSA février 2007 publié dans Psychologies) 92% des Français pensent qu’il est très important d’avoir un idéal dans l’ existence. Cette classification est pareillement partagée par les deux sexes de tous les ages.

Nous retrouvons le héros, dans toutes les anciennes mythologies celtes, grecques et européennes en général. C’est l’individu conscient d’avoir une destinée à accomplir. Il s’accomplit lui-même en suivant son idéal qui donne un sens à sa vie.

Cela lui permet en même temps d’œuvrer sur le visible objectif, concret. Il a une « vocation », un « destin ». Ce dernier le pousse à se surpasser pour exister suivant des principes. Il peut, alors, affronter avec succès l’adversité inéluctable de la vie quotidienne.

Nous avons dans l’histoire de l’Emsav de nombreux exemples de vies de braves, de héros. Sans eux, « Breizh » n’existerait pas. Il n’existerait que « Bretagne » une province française comme le Limousin ou la Picardie !...

Pour n’en citer qu’un seul, pensons à l’Emsaver brezhon Roparz HEMON. Il est un des principaux pères fondateurs d’une nouvelle langue : Le néo breton. Il a passé la plus grande partie de sa vie isolé, à faire son travail héroïque au quotidien.

Contrairement aux préjugés, aux idées reçues, le vrai héros n’est pas celui qui pose un pétard dans la boite à lettres d'une préfecture, ou qui « meurt en héros » parce qu’il a, justement, bien souvent une vie insignifiante et banale. Pour le vrai héros, c’est tout le contraire. C’est celui qui a une mort banale pour clore le parcours héroïque d’une existence glorieuse. Roparz HEMON avait un cancer depuis longtemps. Il continuait à faire son oeuvre. Il est parti seul, mourir en quelques jours, à l’hôpital de Dublin en 1977. Il venait d’envoyer à PREDER, son éditeur, le dernier feuillet pour clore les 3232 pages de son dictionnaire historique du breton .

C’est dans l’action et l’initiative que se cultive le héros, l’Emsaver. Aucun jeu électronique ne lui permettra de développer les capacités qu’il détient. Seule, sa vie elle-même, avec ses épreuves, le « dragon » physique de sa personnalité à maîtriser, lui permettront de façonner son caractère et de s’instruire.

Il apprendra ainsi à réagir de la meilleure façon face aux obstacles de sa vie. Il pourra alors faire monter sa conscience à l’aide de son aigle psychique vers le « Tribann », la triade de l’esprit. C’est ce que j’ai représenté dans le symbole du Cercle Maksen Wledig, en 1983, par analogie aux trois cercles de l'existence.

Apprendre à devenir un brave, un héros, un Emsaver, c’est apprendre à percevoir sa destinée en transcendant son anxiété, son impétuosité, son instinct de conservation, comme tous ses autres instincts.

C’est apprendre à amplifier son potentiel en dépassant ses limites, en se dépassant soi-même. L’Emsaver se donne les solutions pour vivre sa vocation et accomplir son idéal, son but suprême. En effet, comme le soutien, Michel Lacroix (Avoir un idéal, est-ce bien raisonnable, Ed Flammarion), sans idéal « …Rien de grand ne peut se faire. Aucun progrès ne peut s’accomplir sans la formidable énergie qu’il fournit ».

Il est toujours bien stupide et dommage, quand on a été revivifié par la grâce de l’étincelle « brezhon », d’abandonner l’idéal de « Breizh » , de l’Emsav et de sa langue nouvelle. Certains le font pour se protéger et conserver une petite vie bretonne de Français moyen. Ils cèdent parce qu’ils sont dominés par leur personnalité française qui veut du confort.

Ils se rendorment et s’abandonnent eux-mêmes, plutôt que de vivre pleinement leur vie comme « Brezhon », comme emsaver. Ils renoncent à perpétuer « Breizh » dans l’histoire, comme leur avait demandé, un jour béni, leur être réveillé, leur esprit de brave à nouveau étouffé.

N’est-ce pas aussi ceux-là qui se retrouvent alors dans les boutiques de jeux vidéos par compensation, pour calmer leur Être, leur esprit qu’ils ont trahi…