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Un monde sans argent: Le communisme


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le : 23. 05. 2007 [02:43]
Yann-Ber TILLENON
Yann-Ber TILLENON
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UN MONDE SANS ARGENT :LE COMMUNISME

En 1975 j’éditais avec mon ami Dominique Blanc, actuel vice-président de Kêrvreizh, trois brochures qui avaient pour titre : « Un monde sans argent: le communisme ».

La première couverture représentait le Chef indien Siting Bull qui déclarait : « Ainsi l’URSS n’est pas communiste, mais les États Unis d’Amérique l’étaient il y a encore quelques siècles !... »

La deuxième couverture représentait un pirate. C’était un Pagan breton du Léon qui déclarait : « le pillage est une saine réaction à la provocation marchande, mais on ne peut pas en faire le mode de distribution des marchandises … »

La troisième représentait mon grand-père paternel, Yves Tillenon, en druide qui déclarait : « le communisme remonte à la nuit des temps c’est la saine tendance à retrouver l’antique communauté perdue… »

Je les publiais de 1974 à 1976 en supplément à : « les Amis de 4 Millions de Jeunes Travailleurs, journal de l’O..J.T.R, (Organisation des Jeunes Travailleurs Révolutionnaires que j’avais rejoint en 1972). Elles étaient, à l’époque, les jeunesses du PSU de Michel Rocard.


• Publication Détails

• I. QU'EST-CE QUE LE COMMUNISME ?
• Science-fiction ?
• II. COMMUNISME OU CAPITALISME ?
• Le fil à couper le beurre
• Le mode de production capitaliste
• La propriété privée
• Le profit
• Salariat et industrialisation
• L'Etat et le capitalisme
• Récupération
• Les sauvages
• Marx & Engels
• III FIN DE LA PROPRIETE
• Qu'est-ce que la propriété ?
• La question agraire
• De la pénurie à l'abondance
• Transformation des produits

• IV AU-DELA DU TRAVAIL
• Travail et torture
• Science et automation
• Société de classe et robotisation
• La rémunération
• La paresse
• Répartition des tâches
• Les travaux pénibles
• Fin des séparations
• Production et consommation
• Production et éducation
• V. ARGENT ET ESTIMATION DES COUTS
• L'argent
• Compliments
• Loi de la valeur
• Gratuité
• Temps de travail
• Fantastique
• Ascenseur ou escalier
• Calcul
• Comparaisons
• VI AU-DELA DE LA POLITIQUE
• Fin de l'Etat
• Les Conseils Ouvriers
• La Démocratie
• Le cirque électoral
• La grève
• Le parti
• VII INSURRECTION ET COMMUNISATION
• La Violence
• L'armée
• Vengeance
• Reconversion
• Rupture
• Internationalisme
• VIII PROLÉTARIAT ET COMMUNISME
• Lénine
• Bourgeois et Prolétaires
• En attendant Godot
• IX. LE DEVENIR HUMAIN
◦ Histoire
◦ Le Communisme Guarani
◦ Niveleurs
◦ Socialisme Scientifique
◦ L'activité Communiste
◦ Activité et Programme


Publication Details

Un Monde Sans Argent : Le Communisme was published as three pamphlets between 1974-76. It was produced by former members of the Organisation des Jeunes Travailleurs révolutionnaires which existed in the early 1970's. The name Quatre Millions de Jeune Travailleurs was apparantly 'adopted' from a 1971 PSU youth publication (Parti Socialiste Unifié - a French Socialist Party), presumably to satisfy French publishing laws, and texts continued to be published under this name through the 1970's including the widely distributed tract A Bas Le Proletariat/Vive Le Communisme.

I. QU'EST-CE QUE LE COMMUNISME ?

• Science-fiction ?

Le communisme est la négation du capitalisme. Un mouvement produit parle développement et la réussite même du mode le production capitaliste qui finira par l'abattre et accouchera d'un nouveau type de société. Là où se trouve un monde basé sur le salariat et la marchandise doit advenir un monde où l'activité humaine ne sera plus jamais du travail salarié et où les produits de cette activité ne seront plus objets de commerce. Notre époque est celle de cette métamorphose. Elle réunit les éléments de la crise du capitalisme et tous les matériaux nécessaires à la résolution communiste de cette crise. Décrire les principes du communisme, examiner comment ils permettent d'assurer la vie future de l'humanité et montrer qu'ils sont déjà à l'oeuvre sous nos yeux voilà ce que nous allons essayer de faire.

Nous voulons illustrer ce que sera le monde de demain, la société communiste dont nous rêvons. Il ne s'agit absolument ras da rivaliser avec la science-fiction ou le journalisme en écrivant un reportage sur la vie des gens et des bêtes dans le futur. Nous ne disposons d'aucune machine à remonter le tertre.

Malgré l'intérêt de la question nous ne pouvons prévoir qui l'emportera dans la guerre qui les oppose, le pantalon ou la robe, le bouillon de légumes ou la soupe aux nids d'hirondelles. À la limite nous ne pouvons même garantir que l'humanité aura bien un avenir. Qui nous assure que nous ne serons pas balayés par une guerre atomique ou un cataclysme cosmique ?

Cela dit prévoir reste souhaitable et possible. Nous entendons décrire la société communiste sur la base de ses règles générales de fonctionnement en insistant sur ses différences avec la société présente. Il faut montrer que demain pourra être autre chose qu'un aujourd'hui amélioré ou reconditionné.

Afin de ne pas être trop insipide nous entrerons parfois dans le détail, nous fournirons des exemples. Il ne faudra pas les prendre trop au sérieux. Chacun peut en imaginer d'autres. Un peut récuser les nôtres.

L'avenir n'est pas un terrain neutre. Le capital tend à occuper et à se soumettre tout espace social. I1 ne peut comme l'imaginent des auteurs de science-fiction organiser le commerce de ses marchandises et de sec salariés entre passé et futur. Il prend sa revanche dans le domaine de la publicité et de l'idéologie. L'on nous invite à vivre le présent à l'heure du futur, à acheter dès maintenant la montre ou la voiture de demain. Les conceptions successives, concurrentes et parfois "anticapitalistes" d'un avenir capitaliste embrouillent notre présent.

Débattre de l'organisation communiste de la société c'est, malgré les risques d'erreur, commencer à soulever la chape de plomb qui pèse sur nos vies.

La vieille question des réactionnaires : "Mais que proposez-vous donc en remplacement ?" doit d'abord être réfuté. Nous ne sommes pas des marchands d'idées. Nous n'avons pas à lancer une société de rechange sur le marché comme on lance une nouvelle savonnette. Le communisme n'est objet ni de commerce ni de politique. Il en est la critique radicale. Ce n'est pas un programme offert, même démocratiquement, au choix des électeurs ou des consommateurs. C'est l'espoir pour les masses prolétarisées de ne plus êtres réduits à l'état d'électeur ou de consommateur. Celui qui se place en situation de spectateur qui veut pouvoir juger sans avoir à s'engager s'exclut du débat.

S'il est possible de parler de la société révolutionnaire c'est parce qu'elle est en gestation dans la société présente.

Certains trouveront nos thèses bien folles et bien naïves. Nous n'espérons pas convaincre tout le monde. Si c'était possible ce serait inquiétant ! De toute façon il y en a qui préféreraient ce crever les yeux plutôt que de reconnaître la vérité de nos positions.

La révolution prolétarienne sera la victoire de la naïveté sur une science servile et desséchée. Que ceux qui demandent des démonstrations prennent garde. Elles risquent de se faire non pas dans le calme des laboratoires mais violemment et sur leur ventre.

Avant de dire ce qu'est le communisme, il convient d'abord de dégager le terrain. Il faut dénoncer les mensonges à son propos et dire ce que le communisme n'est pas. Car si le communisme est une réalité fort simple, si liés à l'expérience quotidienne qu'elle en devient presque palpables, les plus énormes contrevérités n'ont pas manqué de se développer à son propos. Ce n'est un paradoxe que pour celui qui ignore que dans la "société du spectacle" c'est justement la signification de ce qui est quotidien et familier qui doit être refoulé.

II. COMMUNISME OU CAPITALISME ?

• Le fil à couper le beurre
• Le mode de production capitaliste
• La propriété privée
• Le profit
• Salariat et industrialisation
• L'Etat et le capitalisme
• Récupération
• Les sauvages
• Marx & Engels

Pour l'opinion courante le communisme serait d'abord une doctrine élaborée au l9e siècle par les deux célèbres frères siamois Karl Marx et F. Engels qui aurait été perfectionné un peu plus tard par le fondateur de l'état soviétique Lénine. Elle aurait été appliquée avec plus ou moins de bonheur dans un certain nombre de pays : U.R.S.S., Europe de l'est, Chine, Cuba ... C'est dans ce sens que l'on débat pour savoir si oui ou non la Yougoslavie ou l'Algérie ont des régimes socialistes, capitalistes ou mixtes. Que l'on se rassure ou que l'on se ... lamente nous n'allons pas vanter les charmes de ce socialisme ou de ce communisme-là. Nous ne prenons pas des vessies pour des lanternes, là morne grisaille des pays de l'est ou les délires du culte de la personnalité en Chine pour l'avenir radieux de l'humanité.

LE FIL À COUPER LE BEURRE

Le communisme n'a été fondé ni par Marx, ni par Engels, ni par Ramsès II. Il y a peut-être un inventeur génial à l'origine du fil à couper le beurre ou de la poudre à canon. Il n'y en a pas à l'origine du communisme, pas plus d'ailleurs qu'à l'origine du capitalisme. Les mouvements sociaux ne sont pas affaire d'invention.

Engels puis Marx ont rejoint un mouvement déjà bien conscient de son existence. Ils n'ont jamais prétendu avoir inventé ou la chose ou le mot. Sur la société communiste proprement dite, ils n'ont pas écrit beaucoup. Ils ont aidé le mouvement et la théorie communistes à se dégager des brumes de la religion, du rationalisme, de l'utopisme. Ils ont incité les prolétaires à ne pas se reposer sur les plans de tel ou tel réformateur ou les révélations de tel ou tel illuminé.

Les révolutionnaires véritables ne fétichisent pas les idées de Marx et d’Engels. Ils savent qu'elles sont le fruit d'une époque déterminée et qu'elles ont leurs limites. Les deux hommes ont évolué et se sont parfois contredits. On peut dire que tout est chez Marx. Il faut être encore capable de trier !

Nous ne prétendons pas être marxistes. Mais nous dénions à ceux qui se prétendent marxistes le droit de s'approprier et de falsifier la pensée de leurs idoles.

La preuve de l'impuissance des grands hommes face aux mouvements de l'histoire nous est donnée par l'ignoble façon dont l'oeuvre de Marx et d’Engels a été déformée pour être utilisé contre le communisme.

Il y a des individus plus doués et plus clairvoyants que la masse de leurs semblables. La société de classe cultive ces différences. Elles se répercutent au sein du mouvement communiste. Nous ne discutons pas pour savoir si ce sont les chefs ou le peuple qui font l'histoire. Nous disons que l'oeuvre de Marx comme celle de Fourier, de Bordiga ou de n'importe quel porte-parole du communisme dépasse le simple point de vue d'un individu. Le communisme ne nie pas les différences de capacité, ne réduit vas les théoriciens à de simples haut-parleurs des masses, mais par contre il est l'ennemi acharné et permanent du carriérisme et du vedettariat.

Le communisme n'est ni une idéologie ni une doctrine. De même qu'il y a des actes communistes, il y a aussi des paroles, des écrits, une théorie communiste, mais l'action n'est pas l'application de l'idée. La théorie n'est pas le plan préétabli d'un combat ou d'une société qu’ il conviendrait de faire passer le mieux possible dans les faits. Le communisme n'est pas un idéal.

Les pays qui se proclament marxiste-léninistes ne sont pas des zones où les principes du communisme auraient été mal appliqués pour telle ou tille raison. Ce sont des pays capitalistes. Leur régime présente des caractères particuliers, mais il est aussi capitaliste que n'importe quel régime libéral. On peut même dire qu'un pays comme la Pologne ou la R.D.A. est beaucoup plus capitaliste que beaucoup de pays peu industrialisés du "monde libre". Dons ces pays "communistes" on combat certaines tendances spontanées du capital. Cela se fait pour le bien du développement général du capitalisme et ce n'est en rien une particularité.

La planification impérative, la propriété collective des moyens de production, l'idéologie prolétarienne n'ont rien de communiste. Ce sont des traits du capitalisme qui ont été accentués ici. Tous les caractères fondamentaux du système et la logique de l'accumulation du capital, rebaptisés "accumulation socialiste", s'y portent bien.

LE MODE DE PRODUCTION CAPITALISTE

Voir dans les régimes marxiste-léninistes du socialisme ou du communisme, c'est méconnaître leur réalité, c'est surtout montrer que l'on ignore ce qu'est le capitalisme.

On le croit fondé sur le pouvoir d'une classe bien particulière la bourgeoisie, sur la propriété privée des moyens de production, sur la recherche frénétique du profit. Aucun de ces aspects n'est fondamental.

La bourgeoisie est l'héritière de l'antique classe des marchands. Après avoir joué longtemps un rôle important mais bien délimité au sein des sociétés à base, agraire la bourgeoisie marchande s'est mise à contrôler au cours du moyen âge européen non plus de simples marchandises mais des instruments de production. Parmi eux la force de travail humains dont elle a fait par le salariat une marchandise. C'est l'origine du capitalisme.

La bourgeoisie est au pouvoir à partir du moment où elle est devenue classe dominante grâce à la puissance des forces économiques et industrielles qui la portent et qui ont rendu caduques les anciennes façons de produire. Mais elle ne peut pas faire autre chose que de se plier aux lois de son économie. Propriétaire du capital, elle doit obéir à cette force qui l'entraîne, la bouscule et parfois la met en faillite.

L'individu ou l'entreprise particulière dispose d'une marge de manoeuvre, mais ne peut naviguer longtemps contre le courant.

Aucune classe dans le passé n'a pu satisfaire tous ses caprices en utilisant la puissance qui semble à sa disposition. Le tyran le plus incontesté ne peut se maintenir que s’il connaît les étroites limites de sa souveraineté réelle. C'est une erreur de vouloir expliquer les phénomènes sociaux en termes de pouvoir. Cela vaut encore moins pour le capitalisme que pour les systèmes qui l'ont précédé.

La classe des gérants du capital s'est vu sans cesse remodelé par l'action même du capital. Qu'y a-t-il de commun entre le riche marchand du moyen âge et le manager moderne ? Leurs motivations et leurs goûts sont différents. C'est nécessaire pour qu'ils puissent remplir la même fonction à deux moments du développement du capital. La classe des seigneurs féodaux se repérait par la tradition et l'hérédité. Cela ne vaut plus pour une bourgeoisie qui ce défait et se refait à travers réussite, mariage et faillite.

Les rapports qui lient l'esclave et le maître, le serf et le seigneur sont des rapports personnels. Au contraire, plus qu'à un patron le prolétaire moderne est lié à un système. Ce qui l'enchaîne ce n'est pas une allégeance personnelle ou une contrainte particulière, c'est directement la nécessité de survivre, la dictature de ses propres besoins. Le prolétaire déraciné de sa glèbe et séparé des moyens de production n'a plus d'autre solution que d'aller se prostituer. Il est libre, merveilleusement libre. Il peut même si cela lui chante refuser d'aller se vendre et crever de faim.

Un bourgeois ou un politicien peut faire faillite au plan personnel. En Russie ou en Chine c'est toute une fraction de la classe bourgeoise internationale qui s'est retrouvée sur le carreau. Elle c'est vue remplacée par une bureaucratie. Que l'on ne voit pas dans cette dernière une classe radicalement différente ! Un banquier ou un capitaine d'industrie "communiste" ressemble plus à son adversaire capitaliste que celui-ci ne ressemble à son "ancêtre" non pas du 15e ou du 16e siècle mais d'il y a 50 ans.

Si le capitalisme, qu'il soit occidental ou oriental, ne peut s'expliquer par le pouvoir de la bourgeoisie, le communisme peut encore moins être ramené au pouvoir du prolétariat. Son avènement signifie l'autodestruction de cette classe.

LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE

La propriété privée des moyens de production n'est pas un trait constitutif du mode de production capitaliste. Elle relève de la sphère juridique. Elle subsiste à l'est avec les lopins de terre des paysans. A l'ouest elle est grignotée par la propriété publique.

L'Etat est souvent propriétaire de grands ensembles industriels. En étant nationalisés, les Postes ou les Chemins de Fer n'ont pas perdu leur nature de capital. F. Engels voyait dans cette tendance de l'État à devenir propriétaire des forces productives une évolution générale qui reléguerait le capitalisme privé dans les magasins d'Antiquités.

Le développement du capitalisme moderne tend à dissocier de plus en plus propriété et gestion des forces productives. Non seulement les dirigeants des compagnies nationalisées mais même ceux des entreprises privées de grande taille ne sont pas propriétaires ou le sont d'une infime partie du capital qu'ils contrôlent. Les besoins en capitaux des géants industriels dépassent de loin ce qu'une fortune personnelle ou familiale pourrait leur fournir. Ces ensembles fonctionnent avec l'argent que leur fournit une masse de petits actionnaires et d'épargnants qui n'ont pratiquement aucun pouvoir.

La situation des pays de l'est doit être comprise en fonction de cette évolution générale du capital.

LE PROFIT

Le capitaliste serait animé par la recherche du profit maximum. L'expression "profit maximum" ne veut pas dire grand-chosee. Un patron peut tenter un jour, une semaine, un mois de faire tourner hommes et machines à fond s’il est sûr de trouver des débouchés. Il risque de se repentir assez vite d'avoir épuisé son capital. L'échec d'une tentative de ce genre a eu lieu en Chine avec le "grand bond en avant". L'importance du profit dégagé et donc la détermination du revenu des actionnaires et des dirigeants, le taux de croissance économique ne sont pas décidées librement par des capitalistes tout-puissants.

Dégager de l'argent, voilà ce qui pousse le capitaliste soit pour s'enrichir soit pour investir. Si il ne le fait pas, par laisser-aller ou par bonté ou parce que ce n'est objectivement plus possible, son entreprise sera éliminée. Pour le bureaucrate cela joue aussi mêlé à la crainte de sanctions administratives. On ne proclame d'ailleurs ni en U.R.S.S. ni en Chine que le profit a disparu. Au contraire on cherche le profit, pour le bien du peuple, pour construire le communisme. Il serait devenu un instrument de mesure économique au service de la planification !

A l'est comme à l'ouest et comme l'a montré Marx on ne peut expliquer le développement du capitalisme par l'appât du gain. C'est l'inverse qui est vrai. Les notions de profit ou de rente foncière n'expliquent pas la marche du système. Ce sont les catégories à travers lesquelles les classes dirigeantes prennent conscience des nécessités économiques et sont poussées à agir.

Contrairement aux humanistes de gôche qui voient ou affectent de voir dans le profit leur grand ennemi, les révolutionnaires ne se laissent pas illusionner. Nous ne reprochons pas au système son immoralité. Nous ne nous accrochons pas à des secteurs archaïques qui ne sont plus rentables.

Le profit disparaîtra avec la révolution. Et sans délai ! Jusque-là il joue dans une certaine mesure un rôle de protection des travailleurs. Il impose des limites à là tyrannie patronale. Il l'oblige à ménager le matériel humain. S’il était possible d'abolir le profit en conservant le capital, l'entreprise moyenne tournerait au camp de concentration et la société glisserait dans la barbarie la plus totale. Le nazisme n'est pas un accident de l'histoire. Il est le déchaînement de forces qui continuent de se tapir dans les bas-fonds de la civilisation du capital. Le profit fixe des bornes à l'autoritarisme, la volonté de domination et d'écrasement qu'engendre un système inhumain.

Que l'on s'en prenne au profit ! Mais alors que l'on s'en prenne aussi à l'ensemble d'une société où c'est la vie même de l'homme qui est devenue marchandise.

SALARIAT ET INDUSTRIALISATION

Le mode de production capitaliste est bâti sur deux piliers solidaires qui le distinguent des modes de production qui l'ont précédé.

Le premier de ces piliers c'est le salariat. Des hommes avaient déjà loué à d'autres hommes leurs charmes, leur attachement politiques, leur capacité militaire et même leur force de travail. Mais tout cela était resté marginal dans des ensembles sociaux composés de petits groupes entre lesquels monnaie et marchandises ne circulaient pas beaucoup. Le développement du capitalisme signifie l'introduction véritable du salariat dans la sphère de la production. Il en fera la forme générale d'exploitation.

Le deuxième pilier c'est l'industrialisation ou plus largement une mutation dans les rapports de l'homme à la nature et à sa propre activité. L'homme ne se contente plus de gratter le sol pour en tirer sa subsistance. Dorénavant il va entreprendre de transformer systématiquement et à une échelle croissant la nature. Le capitalisme c'est une révolution ininterrompue dans les méthodes productives. C'est le progrès de la science et de la raison face au fatalisme et à l'obscurantisme. C'est le mouvement qui succède à l'immobilisme des sociétés agraires.

Le communisme ne fera pas machine arrière. La fin du salariat ne signifie pas le retour à l'esclavage ou au servage. Le dépassement du procès de "conquête de la nature" et de l'organisation industrielle du travail ne veut pas dire retour à l'immobilité passée. Le communisme abandonnera le caractère agressif et désordonné de l'action du capital. Son but n'est pas de détruire, de morceler et de soumettre mais d'agir globalement sur le monde pour l'humaniser, le rendre habitable. Au-delà de l'industrie il réconciliera l'utile et l'agréable. Il retrouvera à un niveau supérieur la familiarité perdue qui unissait l'être humain à son environnement.

Le capitalisme n'a pas commencé à s'épanouir un beau matin parce que soudain on se serait rendu compte de l'efficacité qu'il recélait. Ce n'est pas une victoire de l'entendement. Il s'est imposé sur le tas à travers des bouleversements sociaux souvent cruels et irrationnels. Il a suscité des réactions de révolte. Il a dû reculer avant de mieux repartir. Ses salariés il les a pêché dans une masse de paysans qu'il avait préalablement chassés de chez eux et réduits à l'état de mendiants.

Le mouvement du capital a un double aspect. D'une part il est développement des forces productives humaines et matérielles, donc de valeur d'usage, d'utilité. D'autre part il est développement de la valeur marchande. La marchandise présentait déjà ce double visage. Le capital reste marchandise mais il a, de plus, valeur tendance à s'augmenter sans cesse.

Le capital a longtemps percé sous la marchandise. Le marchand peut grâce à son ingéniosité ou à sa roublardise posséder et faire tourner une masse grandissants de produits. L'usurier de même en ne s'embarrassant que d'argent. Mais ces formes primitives du capital ne peuvent s'étendre indéfiniment. Le valeur reste parasitaire et ne crée pas les moyens nécessaires à son accumulation. Ce n'est qu'en s'emparant et en fixant une valeur sans cesse croissante dans les moyens de production que le capital a pu réellement s'épanouir. Vampire oui se nourrit de valeur, c'est-à-dire de travail humain, il doit pour arriver à ses fins développer lé machinisme et la productivité. Pour lui ce ne sont que des moyens. Pour nous c'est finalement ce qui importe. Cette évolution technique prend souvent des formes désagréables : chômage, armes meurtrières, saccage de la nature, mais elle permettra de révolutionner l'activité humaine et de sortir de l'ère barbare des sociétés de classe.

Le communisme n'abat pas le capital pour retrouver la marchandise originale. L'échange marchand est un lien et un progrès. Mais c'est un lien entre des parties antagonistes. Il disparaîtra sans que l'on en revienne au troc, cette forme primitive de l'échange. L'humanité ne sera plus divisé en groupes opposés et en entreprises. Elle s'organisera pour aménager et utiliser son patrimoine commun, pour distribuer corvées et jouissances. La logique du partage remplacera la logique de l'échange :

L'argent disparaîtra. Il n'est pas un instrument de mesure neutre. C'est la marchandise dans laquelle se reflètent toutes les autres marchandises.

L'or, l'argent, les diamants n'auront plus d'autre valeur que celle qui naît de leur utilité propre. Suivant le souhait de Lénine l'on pourra réserver l'or à la construction des pissotières.
L'ETAT ET LE CAPITALISME

Dans le camp "communiste" l'argent continue tranquillement à circuler. La division par les frontières et à l'intérieur de ces frontières, la division de l'économie en entreprises, se porte à merveille.

Le rôle que joue l'État dans l'économie et qui est fondé juridiquement sur la propriété publique des entreprises s'explique par la nature du capitalisme.

L'État et la marchandise sont de vieux amis. Les marchands veulent que la société soit unifiée, que les voleurs soient pourchassés et que la monnaie soit garantie. L'État et la bureaucratie trouvent avec la circulation des biens et des personnes le moyen de se détacher du monde agricole.

L'État moderne, royal ou républicain, est le produit de la dissolution des structures féodales par le capital. Il s'oppose aux intérêts particuliers en tant que représentant de l'intérêt général. Il est nécessaire au capital parce qu'il l'aide à dépasser les contradictions et les oppositions que celui-ci ne peut s'empêcher de provoquer. La monarchie et la bourgeoisie, malgré des moments difficiles, se sont soutenus face à la féodalité. L'unification politique était nécessaire au développement des entreprises commerciales et industrielles. La fortune et la richesse permettaient le renforcement et l'autonomie du pouvoir d'Etat. Souvent même l'Etat est intervenu directement pour fournir ou rassembler les capitaux nécessaires à telle ou telle branche d'industrie. Il a mis au point l'arsenal juridique nécessaire au développement d'une main d'oeuvre libre. Il a liquidé les vieilles coutumes et les vieilles entraves. Lorsque la bourgeoisie apparaît directement sur la scène politique il y a déjà longtemps qu'elle est une force dominante et que l'Etat monarchique était passé à son service.

En Russie et au Japon, pays qui furent jetés sur la scène international en état de sous-industrialisation, c'est l'État lui-même qui provoqua et organisa le développement du capitalisme. Il le fit pour préserver les bases de sa propre puissance, pour se fournir en armes modernes. En mettant le capital à son service il ne faisait que s'incliner devant sa supériorité. La monarchie engageait un processus qui finalement allait la détruire. Les conditions nécessaires à cette greffe n'existaient pas partout. Si elle réussit au Japon ce fut parce que l'état y était déjà autonome et le commerce développé. La Chine échoua momentanément, ainsi que la plupart des autres pays précapitalistes.

L'Etat doit souvent intervenir pour corriger un capital qui aime à se montrer capricieux et préfère s'installer là plutôt qu'ailleurs. Les régime bureaucratiques ne font qu'accentuer cette tendance à un point qu'elle n'avait jamais atteint.

Le capitalisme oriental permet-il une croissance plus harmonieuse ou plus rationnelle que le capitalisme occidental ? La question n'a pas grand sens. Si il est advenu c'est grâce aux défaillances du capitalisme traditionnel. Si ce capitalisme traditionnel est réimporté aujourd'hui à Moscou ou à Leningrad c'est à cause des défaillances du capitalisme oriental.

Là où la bourgeoisie s'était lentement développée par l'économie la bureaucratie conquit le pouvoir politique en s'appuyant sur des forces sociales comme le prolétariat ou la paysannerie. Elle n'en est pas moins le fruit de la désagrégation de la société traditionnelle par le capital international. La bureaucratie n'avait pas le choix. Elle ne pouvait pas comme elle le prétendait instaurer le socialisme ou le communisme. Elle ne pouvez pas non plus restaurer et fertiliser le capitalisme traditionnel. Cela à cause de ses appuis sociaux et de ses besoins en capitaux. Empiriquement elle trouva une voie conforme à sa nature et qui lui permit d'accumuler aux dépens de la paysannerie, du capital industriel.

La bureaucratie est une force unifiante qui a permis le transfert autoritaire de richesse d'un secteur à l'autre de la société. Elle modifie le développement spontané du capital au profit de ses objectifs de puissance et de permanence. Mais le capital n'est pas une force neutre que l'on peut utiliser dans n'importe quel sens. La bureaucratie planifie, domine. Mais que planifie-t-elle, que domine-t-elle ? L'accumulation du capital. Elle réduit le marché libre, elle combat un marché noir sans cesse renaissant. Ce n'est pas la preuve de son anticapitalisme mais le signe que la base naturelle du capital est bien vivace. Que dirait-on du jardinier qui parce qu'il doit arracher les mauvaises herbes prétendrait que les plantes qu'il cultive ne sont plus des végétaux !

Les Etats occidentaux eux-mêmes ont été amenés à intervenir de plus en plus directement dans le jeu des forces économiques. Ils doivent avoir une politique sociale et s'occuper de planification. La bureaucratisation n'est pas un phénomène propre aux pays de l'est. Il concerne aussi bien les Etats démocratiques et fascistes que les grandes firmes privées. Elle est le produit et le triste remède a l'atomisation croissante de la société.

Dans un sens il est inexact de parler pour les pays de l'est de capitalisme bureaucratique ou de capitalisme d'État. Tous les capitalismes modernes sont bureaucratiques et étatiques.

L'Etat, propriétaire de l'ensemble de l'industrie, n'en a pas pour autant le contrôle absolu. Pouvoir réel et pouvoir juridique ne sont pas la même chose.

Avec le capitalisme libéral l'État peut en s'appuyant sur des forces populaires, militaires ou même bourgeoises s'attaquer à telle ou telle grande entreprise; il est le pouvoir. Cela ne lui permet cependant pas de s'élever au-dessus des lois économiques. On veut se dresser contre la puissance des monopoles mais l'on ne peut revenir aux petites entreprises du passé.

Avec le capitalisme oriental l'État bureaucratique quelle que soit sa soif de contrôle ne peut abolir les catégories marchandes et la concurrence entre les entreprises. Tant qu'il y aura des entreprises distinctes elles se feront concurrence même si les prix ne sont par libres.

Ce manque d'unité n'est pas limité à la sphère économique. La bureaucratie elle-même est sans cesse divisée par des luttes de fraction et des conflits de personnes. A défaut d'unité l'image de l'unité doit être maintenue. L'ennemi n'est pas la concurrent au main du parti mais l'anti-parti.

Ce que la bureaucratie fait gagner en efficacité à l'économie, elle le fait reperdre. Le mensonge, la perte de la réalité imbibe le corps social. La lutte cachée remplace la concurrence ouverte.

Capable d'organiser le démarrage économique dans des conditions ingrates la bureaucratie est à la remorque de l'avance technologique des sociétés libérales.

RÉCUPÉRATION

Quel intérêt des capitalistes ont-ils à se faire appeler communistes ? C'est une règle générale que les capitalistes n'aiment pas être appelés capitalistes !

Cette appellation a une origine précise liée à la révolution russe. Se dire communiste c'est prétendre que l'on se dévoua pour la classe ouvrière plutôt que de reconnaître qu'on l'exploite. C'est pouvoir donner au développement inhumain du système un sens humain : la construction du communisme. Ailleurs on suspend devant les masses des projets de "nouvelle frontière" ou de "nouvelle société" !

Lorsque le capital en proclame communiste, lorsqu'il récupère la pensée de Marx pour la distiller dans ses universités aux intellectuels ou pour en abrutir les ouvriers dans ses usines il ne fait qua singer un mouvement que par ailleurs il accomplit réellement. Le capital ne crée pas, il récupère. Il se nourrit de la passion et de l'initiative des prolétaires, c'est-à-dire qu'il se nourrit du communisme.

On ne peut comprendre grand chose au communisme si l'on n'a pas compris la nature capitaliste des pays de l'est. Le combat révolutionnaire ne peut pas ménager le stalinisme qui est un système et une idéologie fondamentalement anticommuniste. Le fait qu'il ait des bastions au sein même de la classe ouvrière ne doit pas nous attendrir mais au contraire nous inciter à ne pas faire de compromis.

L'on a rendu un fier service au stalinisme en ne le critiquant pas en tant que système capitaliste. Des révolutionnaires, notamment anarchistes, l'ont reconnu comme communiste à condition de pouvoir accoler à ce terme celui d'autoritaire. L'autorité, voilà le monstre ! En guise d'explication on va chercher dans le caractère de Karl Marx.

Les trotskistes ont développé à la suite de Trotsky, l'adversaire malheureux de Staline, des interprétations aussi compliquées qu'imbéciles. Base socialiste et superstructure capitaliste cohabiteraient tout au moins en U.R.S.S. Pour les autres pays on continue à en discuter. De toute façon ils n'ont jamais rien compris au communisme. Pas plus que Trotsky qui voyait dans le travail obligatoire un principe communiste. Ils ne sont pas révolutionnaires, Trotsky, lui, l'était. Mais il n'a jamais été autre chose qu'un révolutionnaire bourgeois et un bureaucrate malheureux. Laissons tout ce petit monde à son intellectualisme, ses querelles byzantines et à son ridicule fétichisme de l'organisation.

Les maoïstes, ces "mystico-staliniens", ramènent toute l'affaire à une question de politique et de morale. L'U.R.S.S. est devenu social-impérialiste et peut-être bien capitaliste. Heureusement la Chine et l'Albanie sous la sage direction prolétarienne de Mao, de H. Hodja et de Bibi Fricotin n'ont pas été contaminés. Le communisme c'est le profit et la politique mis au service du peuple !

A mesure que les idées communistes vont se répandre, y compris en U.R.S.S. et en Chine, pour satisfaire aux besoins d'un prolétariat redevenant révolutionnaire ces sectes vont paraître de plus en plus farfelues ! Elles essaient de tenir sur la scène de la politique le rôle de la révolution. Elles sont à l'avant-garde, mais à l'avant-garde du capital. Car en période de révolution c'est l'ensemble des guignols de la politique qui tentera de prendre des airs révolutionnaires pour ne pas être jeté à bas. C'est devenu une tradition que la révolution soit combattue au nom de la révolution. Les militants staliniens bu gauchistes qui se sont fourvoyés rejoindront le véritable parti communiste.

Certains, moins aveugles, ont reconnu dans le capitalisme oriental la division en classes sociales. Malheureusement ils ont cru aussi y reconnaître un mode de production nouveau et supérieur. C'était faire bien d'honneur à Staline et consorts.

LES SAUVAGES

Nous ne voyons rien de communiste dans les régimes qui se prétendent tels. Par contre nous le voyons là où l'on n'a pas l'habitude de le voir. Les sociétés primitives qui, refoulées par la "civilisation", subsistent dans des contrées arides ou difficiles d'accès sont communistes, que leurs membres vivent de la chasse et de la cueillette ou d'une agriculture peu évoluée. Ainsi l'U.R.S.S. n'est pas communiste mais les Etats Unis d'Amérique l'étaient il y a encore quelques siècles !

Nous n'entendons pas ramener l'humanité à ce stade. Ce serait de toute façon fort difficile car cet état de choses exige une très faible densité de population. Il importe cependant de réhabiliter l'humanité primitive et préhistorique.

L'indien était plus heureux et dans un certain sens plus civilisé que le moderne citoyen américain. L'homme des cavernes ne mourait pas de faim. C'est aujourd'hui que des centaines de millions d'humains ont le ventre vide. Le primitif, comme l'a montré M. Salhins, vit dans l'abondance. Il est riche non parce qu'il a accumulé des richesses mais parce qu'il vit comme il l'entend. Sa pauvreté apparente, son dénuement a apitoyé le voyageur occidental qui parfois paradoxalement s'étonne de sa bonne santé avant de lui transmettre sa vérole. Les primitifs ne possèdent pratiquement rien. Mais pour ceux qui vivent de la chasse et de la cueillette cela n'est pas une gêne. Leur dénuement leur permet de se mouvoir librement et de profiter des richesses de la nature. Leur sécurité ne repose pas sur l'épargne mais sur leur connaissance et leur capacité à utiliser ce que leur milieu d'existence leur donne. Ils passent moins de temps qu'un civilisé pour gagner leur subsistance. Leur activité "productive" n'a rien à voir avec l'ennui que secrète le bureau ou l'usine. Heureux Yir-Yiron d'Australie qui confondent dans un même mot le travail et le jeu !

Du communisme passé au communisme à venir il y a une profonde différence. D'un côté il y a une société qui utilise son environnement on sachant s'y adapter, de l'autre côté il y a une société fondée sur la transformation continue et en profondeur de cet environnement. Entre ces deux communismes la période des sociétés de classe paraîtra avec un peu de recul une étape douloureuse mais relativement courte de l'histoire humaine. Maigre consolation pour ceux qui continuent d'y être immergés !


MARX ET ENGELS

Marx et Engels se font appliqués à comprendre le développement de la société capitaliste. Ils se sont peu préoccupée de la description du monde futur lui avait accaparé les efforts des socialistes utopiques. Mais on ne peut dissocier complètement critique du capitalisme et affirmation du communisme. La compréhension réelle du rôle historique de la monnaie ou de l'état ne peut se faire que du point de vue de leur disparition.

Si Marx et Engels n'ont par plus parlé de la société communiste c'est sans doute paradoxalement que cette société était plus difficile à saisir puisque moins à portée de main mais aussi parce qu'elle était plus présente dans les esprits révolutionnaires. Lorsqu'il parlaient d'abolition du salariat dans le "Manifeste Communiste" ils étaient compris par ceux dont ils se faisaient l'écho. Aujourd'hui il est plus difficile de se représenter un monde débarrassé de l'état et de la marchandise parce qu'ils sont devenue omniprésents. Mais devenu omniprésents ils ont aussi perdu leur nécessité historique. L'effort théorique doit prendre le relai de le conscience spontanée avant de devenir inutile parce que ce qu'il affirme sera devenu banalité.

Marx et Engels ont peut-être moins bien saisi qu'un Fourier la nature du communisme en tant que libération et harmonisation des passions. Ce dernier toutefois n'arrive pas à ce dégager du salariat voulant entre autre que les médecins ne soient plus rémunérés suivant les maladies de leurs clients mais selon l'état de santé de la communauté.

Marx et Engels ont été cependant suffisamment nets pour qu'on ne puisse pas leur mettre sur le dos le poids de la bureaucratie et des finances des pays "communistes". Selon Marx l'argent disparaît sans délai avec l'avènement du communisme et les producteurs cessent d'échanger leurs produits. Engels parle de disparition de la production marchande à l'avènement du socialisme. Que l'on ne nous parle pas d'erreur de jeunesse, comme a pris l'habitude de le faire toute une racaille marxologique. Nous nous référons à la "Critique du Programme de Gotha" et à la "Anti-Dühring".

Les staliniens de toute sorte parleront de scories dans l'oeuvre des maîtres. Ils chanteront un couplet pour faire savoir qu'ils sont marxistes et non pas dogmatiques. Pour eux l'argent, le capital, l'état ont perdu leur caractère bourgeois pour devenir prolétariens. Les plus audacieux vont jusqu'à dire qu'une fois le communisme construit on pourra peut-être se débarrasser de tout ce bric-à-brac. Pour les autres le communisme sera simplement une société dont le niveau de vie sera très, très élevé. De toute façon le communisme se perd dans les nuages et l'échelle qui y mène est composée d'une multitude de barraux qui forment autant d'étapes de transition.

Il est exact que l'on construit le communisme dans les pays de l'est. On ne le construit ni mieux ni plus consciemment qu'ailleurs. Une révolution sera nécessaire pour l'accoucher.

Cette conception de la construction du communisme au moyen d'instruments économiques et sociaux est typiquement bourgeoise. Elle se représente la chose comme la production d'un objet manufacturé. Elle voit la société comme une vaste usine. Elle croit que le tout fonctionne comme la partie. Il s'agit de volonté, de projet, de ligne politique...

L'erreur que ces staliniens font sur la cheminement se répercute sur le résultat. Il ne s'agit pas de faire disparaître l'économie d'entreprise mais de faire de l'économie une seule entreprise. Le gâchis que représente l'existence d'une police disparaîtra. Le renforcement du sens moral par l'éducation "communiste" suffira à faire disparaître le vol et la subversion !

La meilleure solution est certainement celle proposée par Joseph Staline lui-même. A défaut de pouvoir changer les choses changeons les mots. Comment voulez-vous, nous explique le petit père des peuples, que ceux qui touchent un salaire soient des salariés puisqu'ils sont à travers l'Etat propriétaires des entreprises qui les emploient. On ne peut être soi-même ton propre salarié ! Le salariat est donc aboli en Union Soviétique. Si vous avez l'impression de toucher une paye, si vous avez peur d'être licencié c'est que vous êtes en pleine illusion. Heureusement que notre patrie socialiste dispose de centres de rééducation et d'hôpitaux psychiatriques !

Staline concède que la production marchande et la division en entreprises subsistent mais il ne peut s'agir da capitalisme car ce qui fait le capitalisme c'est que les moyens de production sont détenus par des particuliers. Tout se ramène en fait à des questions de définition juridique. Il suffit que l'état se proclame communiste pour qu'il le soit.

Depuis que Staline nous a expliqué tout ça dans "Les problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S." ceux qui se sont penchés sur la question n'ont rien apporté de nouveau.

On peut voir dans Mao Tsé Toung ou Fidel Castro de courageux partisans, des hommes politiques habiles. On peut considérer que les Chinois mangent plus à leur faim que les Indiens et ont moins de libertés politiques que les Japonais. Seulement tout cela relève du capitalisme.


III. FIN DE LA PROPRIÉTÉ

• Qu'est-ce que la propriété ?
• La question agraire
• De la pénurie à l'abondance
• Transformation des produits

Le communisme c'est la fin de la propriété. La chose est connue et suscite bien des inquiétudes. Certaines sont tout à fait justifiées. Les possesseurs de grands domaines, de nombreuses et riches résidences... seront obligés de réduire leur train de vie. Les fortunes industrielles et commerciales disparaîtront. Ceux qui seront expropriés, même si aujourd'hui ils détiennent une grande partie des richesses de la société, forment une caste réduite et bien délimitée. Nous ne nous attaquerons d'ailleurs pas en règle générale aux personnes, nous agirons en fonction de la nature des biens. Nous prendrons les châteaux et laisserons les chaumières qu'ils appartiennent aux pauvres ou aux riches ! Les inquiétudes qui se sont glissées dans des cervelles prolétariennes et surtout paysannes ne sont pas justifiées. Le communisme ce n'est pas de prendre à l'opprimé le peu qui lui reste.

QU'EST-CE QUE LA PROPRIÉTÉ ?

La question n'est pas si simple à résoudre. Témoin la polémique qui a opposé Marx à Proudhon. Ce dernier avait posé que « la propriété c'est la vol ». Proudhon saisit bien que l'origine de la propriété n'est pas naturelle. Elle est le produit d'une société où les rapports de force, la violence et l'appropriation de l'effort d'autrui règnent. Seulement si l'on dit que la propriété c'est le vol, alors que le vol ne se définit que par rapport à la propriété, on tourne en rond.

Le problème s'est encore obscurci lorsque l'on est passé de la propriété à l'abolition de la propriété. Faut-il abolir toute propriété qu'elle concerne les moyens de production ou les biens personnels ? Faut-il agir de façon sélective ? S'agit-il de remplacer la propriété privée par la propriété collective ou étatique ? S'agit-il d'en finir radicalement avec toute propriété et à quoi cela pourra-t-il ressembler ?

Le communisme choisit in dernière proposition. Il ne s'agit pas d'un transfert des titres de propriété mais bien de la disparition de la propriété tout court. Dans le société révolutionnaire on ne pourra « user et abuser » d'un bien pour la raison que l'on en est propriétaire. Cette règle ne connaîtra pas d'exception. Un bâtiment, une épingle, un terrain n'appartiendra plus à personne ou si l'on veut appartiendra à tout le monde. L'idée même de la propriété sera vite considérée comme une absurdité.

Est-ce alors que tout sera également à tous ? Est-ce que le premier venu pourra ce déloger, me dévêtir, m'enlever le pain de la bouche puisque je ne serai plus propriétaire ni de ma maison, ni de mon vêtement, ni de ma nourriture ? Certainement pas, la sécurité matérielle et affective de chacun se trouvera au contraire renforcée. Simplement ce ne sera pas le droit de propriété qui sera invoqué comme protection mais directement l'intérêt de la personne en cause. Chacun devra pouvoir ce nourrir à sa faim et à sa convenance, être abrité et habillé. Chacun devra pouvoir être tranquille. Certains idéologues ne veulent voir dans la propriété que le prolongement humain du territoire animal. Ainsi la propriété n'est plus le fait d'une époque donnée ni même d'une espèce particulière mais de toute une branche zoologique. Pourtant l'on n'a jamais vu un renard ou un ours louer un territoire dont il est propriétaire ou habiter un terrier dont il ne serait que le simple locataire ! C'est pourtant chose fréquente dans notre société. C'est justement la propriété qui permet de dissocier l'usage et la possession.

Qu'un bien ne soit plus propriété ne donne pas d'indication sur l'usage que l'on en fait. Mais précisément l'usage est ramené à l'usage. Une bicyclette servira à se déplacer et non plus seulement à ce que or. Dupont, son légitime propriétaire, se déplace. Savoir si pour des raisons sentimentales ou affectives les êtres humains ou certains êtres humains ont besoin d'un territoire fixe et d'objets auxquels ils puissent s'attacher n'est pas de l'ordre de la propriété. Que les hygiénistes se rassurent : Nous ne proposons pas de mettre en commun les brosses à dents.

Opposer individualisme et collectivisme, l'usage personnel et social pour essayer d'en faire l'objet d'un « choix de société » c'est bien de la crétinerie bourgeoise. De ce point de vue il faudrait absolument prendre partie pour le chemin de fer contre le véhicule individuel. Les communistes seraient pour l'orgie collective et les bourgeois pour la masturbation ! Nous nous fichons de ce genre de débat, il ne peut être réglé qu'en fonction de circonstances pratiques. En tout cas ce n'est pas nous qui entassons et dépersonnalisons.

Dans la situation présente le droit de propriété constitue une garantie face à la destruction de la vie personnelle. C'est une garantie bien dérisoire. Il n'empêche pas dans des immeubles mal insonorisés le bruit de passer. Il ne peut pas grand chose face à une expropriation. Le paysan est peut-être propriétaire de sa terre. Cela n'a pas empêché les campagnes de se dépeupler.

Aujourd'hui des terrains restent en friche, des maisons sont inhabitées, des richesses de toute sorte sont laissées de côté. Tout cela serait bien nécessaire. Malheureusement les propriétaires ne veulent pas ou pire ne peuvent pas les utiliser ou les céder.

La notion de propriété recouvre une réalité, c'est pourtant aussi une mystification. On peut être propriétaire sans pouvoir contrôler véritablement. Le mensonge est double. Il est social et économique. Il porte aussi sur les rapports entre les hommes et la nature.

Le droit de propriété est nécessaire au capitalisme. L'échange impose que les choses soient nettes. Il faut savoir, lorsque l'on est en affaire, qui dispose véritablement de la marchandise et qui n'en dispose pas. La coutume locale peut régler la question de savoir comment s'arranger et user des choses. Dès que ces choses acquièrent une indépendance par rapport aux hommes et peuvent passer de main en main la coutume ne suffit plus. Il n'en reste que des lambeaux dans les campagnes : droit de passage, d'adduction d'eau, de glanage... La marchandise et le capital ont besoin d'un ensemble de règles valables indépendamment du caractère particulier de la situation.

Au Moyen Age la propriété de la terre au sens moderne n'existait pas. Sur un domaine donné s'exerçaient les droits des serfs, du seigneur, de son suzerain de l'église... Jusqu'au 19e siècle un certain nombre de règles continuent de limiter le pouvoir du possédant qui ne peut jouir que de la première coupe d'une prairie, n'a pas le droit de l'enclore, doit permettre le glanage et la vaine pâture.

Dans le monde de l'égalité bourgeoise tout le monde est un libre propriétaire. Le paysan l'est de son champs, le patron de son usine, l'ouvrier de sa force de travail. Il n'y a pas de vol, pourtant l'un s'enrichit et accumule sans commune mesure avec ce que devrait lui permettre son propre travail. La propriété cache les rapports d'exploitation.

Si le paysan devenu « exploitant agricole » possède la parcelle qu'il cultive il n'en est pas moins soumis à des prix dont la formation lui échappe. Travaillant sans cesse il n'arrive pourtant pas à s'enrichir.

La propriété n'explique pas la puissance de l'entreprise capitaliste. L'entreprise est propriétaire du capital fixe : bâtiments, machines. Cela ne rend pas compte de l'importance des richesses qui lui passent entre doigts et qui constituent son chiffre d'affaires.

L'interpénétration de l'économie oblige à limiter le droit de propriété. En effet, ce que l'on fait chez soi risque d'avoir des conséquences fâcheuses chez la voisin. On ne peut impunément ce débarrasser de ses déchets dans une rivière pour la seule raison que l'on est propriétaire d'une partie de la berge.

Le caractère absolu du droit de propriété, il est « inviolable et sacré » suivant la Déclaration des droits de l'homme, ne compte pas avec le force et les caprices de la nature. La plus acharné des propriétaires sera impuissant si un volcan vient à éclore chez lui. Il pourra appeler les gendarmes à l'aide, cela ne fera pas décamper l'intrus. C'est une règle générale que les objets et les phénomènes naturels ne nous obéissent pas au doigt et à l'oeil.

Comme le remarque Niño Cochise, petit-fils du grand Cochise, les hommes blancs passant leur existence à se disputer la terre. Pourtant ce ne sont pas les hommes qui peuvent posséder la terre, mais au contraire la terre qui possède et nourrit les hommes. Elle finit par les enterrer tous un jour ou l'autre.

LA QUESTION AGRAIRE

La question agraire se rattache étroitement à la solution du problème de la propriété. C'est une question vitale pour la révolution. Dans le passé les insurrections ouvrières ont été combattues par des armées de paysans. Le contraire s'est d'ailleurs aussi passé comme au Mexique. Le petit paysan a toujours été facilement mobilisé par la contre-révolution au non de la défense de son droit sacré de propriétaire.

Dans les pays industrialisés le capital a fait le travail qu'il reprochait aux « rouges » de vouloir faire. Il a chassé la majeure partie des paysans de chez eux. Il ne peut donc plus compter sur leur masse apeurée pour constituer l'armée de la contre-révolution. L'approvisionnement en denrées de subsistance des villes continue cependant de reposer sur les campagnes. Le parti de l'ordre sera toujours heureux de faire de cette situation une arme contre la révolution.

Lorsque les travailleurs agricoles ne sont pas propriétaires du sol qu'ils exploitent mais sont de simples fermiers ou les salariés de grandes exploitations ils s'organiseront pour continuer à s'occuper de la production. Ils n'auront plus aucun compte à rendre à leur ancien patron. La terre sera à ceux qui la cultivent ! Si leur ancien patron ou propriétaire veut se joindre à eux pour les aider de ses connaissances et de ces forces ce sera une bonne chose. Il ne pourra le faire que sur un pied d'égalité.

Là où possession et exploitation du sol coïncident, lorsque le paysan a très peu de salariés ou n'en a pas du tout le problème doit être envisagé différemment. Cela pour le bien de l'ensemble de la société qui ne se passerait pas aisément dos agriculteurs mécontents. Cela pour le bien du paysan dont la condition s'est prolétarisée, qui dépend pour ses approvisionnements et ses débouchés du système capitaliste et qui doit comprendre qu'il a tout à gagner à la révolution communiste.

Le développement du capital s'est fait contre l'agriculture. On y a pompé main d'oeuvre et ressources pour l'industrie. Le communisme renversera la vapeur. L'agriculture est son enfant chéri parce qu'elle concerne directement la production des aliments et la préservation d'un environnement vivable. Deux choses que le capital a particulièrement négligé.

La propriété familiale ou non disparaîtra avec l'état et le système juridique qui la garantissait. L'usage et l'habitude de cultiver une terre donnée restera et devra même être garanti par les autorités révolutionnaires. C'est sur cette base que les paysans pourront ne regrouper ou si ils le préfèrent continuer à s'occuper isolément de leur parcelle. Il est probable que tout au moins durant un certain temps ils combineront les deux méthodes. Restant chacun attachés à leur terre mais s'entraidant plus qu'aujourd'hui pour certains travaux et pour l'écoulement de leurs produits. L'héritage au sens strict disparaîtra mais qui a le plus de chances d'être qualifié et intéressé à prendre la succession d'un agriculteur sinon son fils !

La règle générale sera de laisser les paysans organiser la production agricole comme ils l'entendent. La contrainte serait la pire et la plus coûteuse des solutions.

La collectivisation agraire pratiquée par le capitalisme oriental n'a rien à voir avec le communisme. Ce n'est pas pour des raisons idéologiques que l'on a collectivisé mais pour des raisons économiques et de classe. Il a fallu lutter contre la renaissance spontanée de la bourgeoisie à la campagne. Les paysans riches s'enrichissaient sur le dos des paysans pauvres en pratiquant le prêt à usure. Ainsi se créait un pôle d'accumulation de capital usuraire concurrent du pôle industriel sur lequel s'appuyait la bureaucratie. C'est pourquoi il a fallu imposer et payer le coût de la collectivisation agraire.

Elle a coûté cher. Au départ en Union Soviétique les paysans ont résisté allant jusqu'à décimer le cheptel. A long terme les conséquences ont été une stagnation de la productivité agricole due au manque d'intérêt des kolkhoziens. De là une politique oscillante à l'égard des lopins de terre familiaux. La collectivisation a contribué à maintenir les paysans à la campagne en les soustrayant à une pression économique directe. Cela a entraîné une pression et une concurrence plus réduites sur le marché du travail. L'U.R.S.S. a conservé une masse de paysans exceptionnellement importante au regard de son niveau industriel. Elle la traîne comme un boulet.

En renonçant à collectiviser renonçons-nous à révolutionner et à communiser les campagnes ? Absolument pas ! Tout au contraire ! La révolution communiste c'est la liquidation de l'économie marchande. Cela concerne aussi les campagnes.

L'agriculteur ne touchera plus d'argent en échange de ses efforts si il est salarié ou de ses marchandises si il est producteur indépendant. Il fournira gratuitement à la société l'excédant de sa production. En mesure de réciprocité il n'aura rien à verser pour les biens nécessaires à sa subsistance et à son activité. Il ne sera plus poussé par le goût ou le besoin de l'argent. Il agira poussé directement par l'intérêt du travail, par l'amour de son mode d'existence ou par le désir d'être utile.

Le paysan verra sa peine réduite. Il pourra faire appel pour l'aider à une main d'oeuvre extérieure. Cela sera rendu possible par la fermeture de tout un tas d'entreprises plus ou moins parasitaires et une réduction de la main d'oeuvre de l'industrie et du secteur tertiaire. Il sera possible d'arrêter provisoirement certaines productions à l'époque des grands travaux agricoles pour libérer des bras. Cela n'est pas imaginable aujourd'hui.

Ce n'est pas simplement la production mois aussi la distribution qui sera transformée. Le chemin qui mène de l'agriculteur au consommateur sera réduit autant que possible. Le transport des produits pourra s'effectuer directement de telle sons agricole à telle ville et être pris en main par les intéressés eux-mêmes. Lorsqu'on voit la différence qui existe entre le prix à le production et le prix que paye le consommateur on comprend l'intérêt d'une telle simplification.

Les paysans conduiront seuls ou avec de l'aide les travaux de culture et d'élevage. Ils ne le feront pas indépendamment du reste de la société. Nous ne leur promettons pas la liberté absolue. L'agriculture dépend aujourd'hui et continuera à dépendre d'autres secteurs qu'elle-même. En amont elle a ses fournisseurs d'engrais et de matériel agricole. Son indépendance est donc restreinte obligatoirement de ce côté-là. Par ailleurs elle occupe une place trop importante pour que tous ceux qui en dépendent renoncent à y jeter des coups d'oeil.

Pour prendre un cas extrême : Si des agriculteurs laissent à l'abandon terres et bétail, n'avant plus besoin de gagner de l'argent, il serait naïf de penser que d'autres vont sentiment se laisser mourir de faim. Dans une telle situation il serait possible en mesure de réciprocité de couper les vivres aux paresseux. Les agriculteurs doivent pouvoir conserveur leurs terres et y vivre de façon agréable. Mais on ne peut pas les laisser devenir des parasites et surtout accaparer des biens que d'autres pourraient utiliser à leur place.

Le dépassement de la scission entre la ville et la campagne est au programme de la révolution. Cela ne pourra se faire que très progressivement car la séparation est inscrite dans la pierre et le béton. On ne peut pas d'un coup de baguette magique transporter des gratte-ciel ou des forêts. Des mesures dans ce sens pourront cependant être mises en oeuvre rapidement. Ainsi le déplacement provisoire ou définitif de populations urbaines vers les campagnes où l'on pourra installer des petits centres industriels en complément et si possible un relation avec les activités agricoles. Beaucoup de gens qui n'ont quitté la campagne qu'à contrecoeur ou qui n'aiment pas la ville seront heureux d'y retourner. Les jardins individuels et collectifs se multiplieront et égayeront les banlieues et même les centres urbains. A cet effet l'on pourra dépaver des chaussées devenues inutiles par la réduction de la circulation automobile. Cela facilitera le recycle ment d'une partie des ordures ménagères, réduira les frais de transport et fournira la population en légumes frais. Un des défauts de l'agriculture capitaliste c'est que s'étant éloignée du consommateur et de ses déchets elle doit compenser le déséquilibre produit par des apports chimiques ou biologiques sans cesse croissante. Dans ses jardins les enfants, les vieux, les malades qui sont aujourd'hui rejetés de la production et souvent voués à l'ennui pourront s'occuper et se sentir utiles. Ce sera un magnifique terrain d'instruction pour une jeunesse déscolarisée. Enfin ça régénérera un air pollué !

DE LA PÉNURIE À L'ABONDANCE



Le droit et le sentiment de propriété s'éteindront dans la société communiste parce que la pénurie disparaîtra. Il ne sera plus nécessaire de s'accrocher à un objet dans la crainte de ne plus pouvoir en jouir si on le lâche un