LA DÉMOCRATIE

 

 

Il faut parler de la démocratie. J’ai dit sur plusieurs forums que l’Emsav devait incarner de suite, une démocratie exemplaire afin de proposer « Breizh » à la « Bretagne » et au monde, comme « renaissance », comme alternative à la décadence française. « Breizh » devrait réussir, en néo-breton, là où la démocratie française a échoué en français...

 

 

 

C’est un sujet épineux, délicat et complexe parce que nous vivons une époque où la démocratie actuelle apparaît comme l’unique alternative à toutes formes d’emprise de l’homme sur l’homme et qu’on ne peut pas critiquer un sujet quasi religieux.

 

 

 

Le problème fondamental est de trouver une forme de gouvernement, d’organisation sociale où l’homme ne serait pas un loup pour l’homme. Il est clair que sans vision philosophique et dans le cadre d’une vision matérialiste, la démocratie est en apparence l’unique solution.

 

 

Ceux qui ont prôné la démocratie au 18è  siècle ont eu une idée très élevée de l’homme et de l’individu, et une vision très ambitieuse de ce que chaque homme devait fournir comme comportement de citoyen pour pouvoir vivre en démocratie.

 

 

 

Evidemment, si tout le monde se conduisait comme les philosophes des « Lumières » l’ont stipulé, ce ne serait pas si mal. On se retrouverait avec de nombreux concepts philosophiques que nous pouvons défendre.

 

 

La démocratie est peut-être un système qui est né prématurément et qui n’a pas eu le temps de mûrir avant de naître. On se trouve devant une idée et des valeurs qui sont dignes d’attention et de respect mais une formulation et une façon d’agir qui ne sont pas à la hauteur.

 

 

On appelle aujourd’hui démocratie des choses qui, malheureusement, ne le sont pas forcément. C’est pourquoi il faut parler d’un « mythe de la démocratie, car on croit que la démocratie est quelque chose alors que ce n’est pas le cas.

 

 

 

Nous ne pouvons pas, du point de vue philosophique, renier les valeurs de la démocratie. Les critiques et observations que peut faire l’Emsav ne sont pas par rapport aux valeurs (Liberté, Égalité, Fraternité, notion de justice etc..). Ce n’est pas au niveau des valeurs que l’on peut objecter quoi que ce soit car nous défendons aussi ces valeurs . C’est sur les principes qu’on peut émettre des critiques ; mais pour cela, il faut clarifier la notion de principe par rapport à celle de valeur.

 

 

Toute communauté politique ou sociale a besoin de définir le principe d’autorité qui n’est pas synonyme du principe de pouvoir. Autorité et pouvoir ne sont pas synonymes, même si, dans le langage courant, on pense parfois que c’est la même chose. Il faut le clarifier du point de vue philosophique et juridique.

 

 

 

AUTORITE ET POUVOIR

Le mot AUTORITE vient de auctor, le créateur. Quand on a l’autorité, on a la capacité de créer, on est créateur. Le principe de POUVOIR, lui, est en rapport avec la capacité de gestion : Je « peux » ou je « ne peux pas ».

 

 

Le principe d’autorité est la faculté de régir le destin de la collectivité. Qui a l’autorité pour agir, pour faire faire, d’où émane l’autorité ? C’est l’essentiel. Ensuite, cette autorité va se doter d’un système de pouvoir, pour exprimer l’autorité.

 

 

 

Le système de pouvoir doit toujours être dépendant du principe d’autorité.

Si le principe de pouvoir s’émancipe du principe d’autorité, il agit pour le pouvoir et non pas par rapport à l’autorité créatrice des choses. L’autorité peut être comparée à une source d’eau qui coule et donne la vie.

 

 

Du point de vue platonicien, la vie de l’Etat, c’est la Justice et l’Education. Si une collectivité n’est pas irriguée de Justice, elle ne sera pas juste et ne sera pas bien gouvernée. Imaginons que l’eau qui coule, la vie, ce qui donne l’autorité, fasse principe de justice. Cette eau, il faut bien la canaliser et l’emmener partout comme un système sanguin. Par de petits fleuves, pour irriguer la société.

 

Qui va faire cette irrigation ? « Le » ou « les » pouvoirs. Un chemin est traversé par une volonté d’action et devient un pouvoir d’action. L’énergie est véhiculée par un canal et donne un pouvoir.

 

 

Quand l’autorité est canalisée par un canal que l’on appelle le système de pouvoir, le système d’autorité a un pouvoir d’action. Si les canaux sont bloqués, il y aura un débordement. Certains champs ou parties de la société n’auront pas assez d’eau alors que d’autres en auront trop.

 

 

Il se peut au contraire qu’il y ait un super système de canalisations mais pas d’eau ; alors, on est à sec, il n’y a plus de vie. Il y a une administration, il y a une forme mais sans vie, il y a du pouvoir mais pas d’autorité. Il peut donc y avoir le pouvoir qui fonctionne mais pas d’autorité en place, ou bien une autorité et pas de pouvoir ; il faut donc les deux.

 

 

Donnons un autre exemple : une règle veut qu’au feu vert, on passe et qu’au feu rouge, on s’arrête ; la règle donne l’autorité. Comment fait-on pour faire respecter l’autorité ? On met en place des policiers qui donnent des amendes à ceux qui enfreignent la règle. Le policier exerce un pouvoir au nom d’une autorité.

 

 

Ce qu’il fait est donc juste et légal. Si le policier vous arrête parce que vous passez au vert, et vous dit : je vous ai vu passer au rouge, c’est fini, le pouvoir a confisqué l’autorité. Et si le pouvoir confisque l’autorité, les règles deviennent arbitraires, il n’y a plus d’autorité mais abus de pouvoir.

 

 

 

 

Lorsque quelqu’un se plaint à un policier et que celui-ci ne peut rien faire parce qu’il n’y a pas de règles concernant son problème, il n’a pas d’autorité et il ne peut pas exercer son pouvoir. Voici l’étrange problème du principe d’autorité et du principe de pouvoir et ce n’est pas la même chose.

 

 

On peut donner un pouvoir à quelqu’un, mais s’il ne peut pas se référer à une autorité, il ne pourra pas exercer son pouvoir. C’est l’autorité qui est la partie créative. On dit : untel fait autorité parce qu’il est connu au-delà des apparences, des hiérarchies comme ayant l’expérience et-ou la connaissance.

 

 

On peut ne pas avoir beaucoup de pouvoir mais avoir une autorité, c’est pour cela que la notion d’autorité est toujours en rapport avec la notion de sagesse. C’est vers la sagesse qu’il faut rechercher le principe d’autorité. Les gens doivent se poser cette question autorité-pouvoir.

 

 

 

Le système de pouvoir permet d’appliquer ce que l’autorité conseille ou dicte. Les pouvoirs doivent êtres bien étudiés pour que l’autorité soit appliquée le mieux possible. Nul n’est censé ignorer la loi, donc l’autorité. Mais si on vous dit : vous ne devez pas ignorer la loi, donc l’autorité, il faudrait des cours d’instruction civique ; sinon, cela ne marche pas.

 

IDEAL POLITIQUE - AUTORITE – POUVOIR

 

A la notion d’Idéal politique, il faut ajouter celles d’autorité et de pouvoir. Cela fait un triptyque. Il faut comprendre quels sont les principes d’autorité et de pouvoir pour concevoir l’Idéal politique.

 

 

Le système platonicien, c’est Justice et Education ; la Justice est la finalité, la source d’autorité, Mâat, et l’Education est ce qui permet aux gens de l’intégrer. L’idéal platonicien, traditionnel, celui que nous préconisons, c’est Justice et Education.

 

 

D’un coup, on se trouve devant une proposition qui n’est pas politicienne. Comme il est dit dans La République de Platon, en parlant des hommes d’or, d’argent… , l’autorité émane des Sages, à la limite des philosophes, et le pouvoir est issu des Kshatryas. (guerriers).

 

 

 

 

Dans le système ancien, de type initiatique, il ne faut pas confondre ; ceux qui exerçaient un pouvoir n’avaient pas forcément l’autorité ; c’est là que réside l’intérêt de la philosophie de l’école des mystères ou de l’initiation, parce que, dans tous ces systèmes anciens, ceux qui exerçaient le pouvoir étaient en réalité aux ordres de l’autorité.

 

 

Pouvoir des gens d’action et autorité des Sages et des Initiés. Chez les Celtes, les Rois élus exerçaient le pouvoir et les Druides initiés, l’autorité. Quand il y avait un problème, on appelait les Druides et non pas les Rois. C’était naturel et compréhensible par le peuple.

On constate plusieurs sources d’autorité dans l’histoire :

 

 

 

 

Dieu. Ce sont ses représentants sur terre qui ont l’autorité ou qui exercent un pouvoir en son nom ; par exemple, le Pape exerce le pouvoir au nom de Dieu. Sous les rois de l’Ancien Régime, c’était pareil. On a encore aujourd’hui des structures avec des autorités émanant de Dieu.

 

 

La force des armes ou de la conquête. Aujourd’hui, certains disent qu’il y a un affrontement de cultures, je dis non ; c’est un affrontement de forces, d’autorité, celui qui gagne est le bon. Nous sommes dans un monde de sélection naturelle, les bons sont ceux qui gagnent, les mauvais sont ceux qui perdent. Celui qui perd n’a plus d’autorité. Il faut vaincre, être fort. C’est pour cela qu’il n’y a pas de réelle démocratie mondiale.

 

 

 

 

La magie. Elle consiste à tenir la relation microcosme/macrocosme. Pour cela, il faut un véritable système initiatique. L’autorité est alors héritière de la tradition.

 

 

 

Une caste sociale ou économique. C’est ce qui s’est passé à Rome pendant la République ; l’oligarchie romaine, les patriciens, l’institution du Sénat ou encore chez les Grecs où, si vous aviez telle fortune, vous faisiez partie de l’autorité. C’est un système oligarchique basé sur la fortune, soit par héritage, soit parce que vous avez construit votre fortune personnelle.

 

 

 

Une connaissance supérieure détenue par les Sages. c’est la République platonicienne.

 

 

 

Le peuple. C’est ce qui paraît être la source actuelle. Le peuple est représenté par des délégués, élus au suffrage universel ou par un parti qui s’érige en porte-parole officiel. Et c’est là qu’il y a un problème. Le peuple peut-il être la source d’autorité ? Là est la question. Que le peuple doive exercer le pouvoir, c’est certain, mais peut-il ou doit-il être source d’autorité ?

 

 

 

 

Notre discussion ne réfute pas les valeurs de la démocratie mais le fait de savoir si le peuple peut être la source de l’autorité. Le peuple veut et doit exercer le pouvoir, c’est certain. Mais il ne faut pas confondre autorité et pouvoir et aujourd’hui, les gens pensent au pouvoir et pas à l’autorité.

 

 

 

Ce n’est pas un seul groupe social qui doit exercer le pouvoir et nous sommes pour l’idée que chacun exerce son pouvoir. Nous aimons bien que tout le monde participe, soit responsable, ait des initiatives. L’exercice du pouvoir doit être fait par le peuple.

 

 

 

 

La question fondamentale est de savoir si le peuple, en tant qu’abstraction et en tant que moyen, peut véritablement connaître et induire de l’autorité. C’est là que se situe la difficulté, il n’y en a pas d’autres. Surtout, si on ne forme pas les gens pour être philosophes.

 

 

Imaginons que tout un peuple soit éduqué pour être philosophe et le devienne ; dans ce cas-là, nous n’avons pas de problèmes de source d’autorité du peuple ; mais si on ne le forme pas, si on ne l’éduque pas, comment peut-on parvenir à ce que ces personnes deviennent des individus capables de voir, de comprendre, de vivre une certaine sagesse et qu’ils l’aient comme finalité ?

 

 

 

 

C’est pourquoi nous proposons l’éducation comme solution puisque avec l’éducation, on peut marier la vision platonicienne avec la vision démocratique. Mais pour cela, il faut des gens qui développent une autorité. Le problème actuel, c’est que c’est devenu un acte de foi, comme s’il n’y avait rien à faire et que ce soit tout à fait automatique et naturel que le peuple donne immédiatement l’autorité.

 

 

 

Cette autorité, seul un peuple éduqué dans l’amour de la sagesse peut la donner. Faire croire le contraire est la manipulation de la Caverne de Platon. Notre critique ne porte donc pas sur les valeurs, ni sur les principes du pouvoir mais sur le principe d’autorité.

 

 

 

 

Le système est faussé d’avance si on pense que c’est quelque chose d’inné, que ce n’est pas quelque chose qu’il faut acquérir. Si on accède à l’Idée, qu’on éduque et que les gens, après avoir passé des examens moraux et d’efficacité, exercent une autorité dans l’Etat, il n’y a pas de problème.

 

 

 

 

Aujourd’hui, nous sommes dans une méritocratie laïque qui est instaurée par le biais des grandes Ecoles, des concours de l’Administration et de la formation militaire.

Il y a des structures dans le système « démocratique » qui sont d’ordre pyramidal, sans lesquelles ce système ne pourrait pas exister.

 

 

 

 

C’est une sorte d’aliénation de notre temps provoquée par le vide de pouvoir ou de responsabilité. Cette aliénation vient de ce que personne dans la société ne veut se sentir responsable de ce qui arrive. Lorsque quelque chose arrive, on a du mal à trouver un responsable, alors, c’est la faute au « système ».

 

 

 

 

Le système ne va pas, le fait de ne pas trouver de responsable développe de plus en plus le vide de pouvoir ; personne n’exerce plus le pouvoir. En cas de catastrophe naturelle, on appelle les experts. Ce sont les experts qui parlent et le pouvoir n’a rien à dire et si l’expert est corrompu, on n’arrivera jamais à trouver la véritable solution. Et cela ne rentrera pas dans le cas d’une politique générale. Que faut-il faire ? C’est le vide de pouvoir. Il faut réaménager le territoire, faire une nouvelle loi sur le retraitement des déchets ? C’est le vide de pouvoir.

 

 

 

 

Un système démocratique est fait pour éviter que la force impose ses points de vue. La force ne doit pas primer ; le droit doit primer, c’est cela un système démocratique. Si un pays est plein de manifestations, de revendications, d’épreuves de force, c’est qu’il y a un problème démocratique et cela ne veut pas dire que nous sommes en démocratie. Parce que les gens pensent que si je peux manifester, il y a démocratie, mais en réalité, c’est un piège.

 

Si les victimes de Toulouse ( accident de l’usine chimique AZF) manifestent, il ne se passe rien ; si les victimes de l’Erika manifestent, il ne se passe rien ; mais si les gendarmes manifestent, en 48 heures, il se passe quelque chose… Pourquoi, si nous étions vraiment sur un pied égalité, les gendarmes devraient-ils êtres rapidement écoutés et les sinistrés de Toulouse non ?

 

 

 

 

Les uns ont eu gain de cause et les autres sont en train de souffrir. Pourquoi on a écouté les gendarmes ? Parce que si la gendarmerie démissionne, il n’y a plus d’Etat. C’est le pouvoir de l’Etat, la gendarmerie, le pouvoir judiciaire, l’armée sont tous des expressions des pouvoirs de l’Etat, sinon il ne pourrait plus bouger. C’est un système qui prône le vide de pouvoir, la déresponsabilisation, l’augmentation de la bureaucratie et comme il y a de plus en plus d’intermédiaires, il y a de moins en moins de responsables.

 

 

 

 

Un philosophe doit pouvoir se questionner sur la gestion du pouvoir du système et la source d’autorité qu’elle a. Ce n’est pas du tout aller contre l’humanisme de se poser ces questions-là, ni d’avoir un esprit critique vis-à-vis de la démocratie. Nous n’avons aucune prétention d’imposer un système ou des idées qui puissent empêcher l’humain de devenir meilleur. La proposition de base de la philosophie  est de prôner l’évolution de l’homme.

 

 

 

 

 

Nous ne critiquons pas les valeurs mais le principe d’autorité et les difficultés de l’exercice du pouvoir qui amène la société vers un système soft de déresponsabilisation qui le rend influençable et manipulable. Le problème est qu’il y a un vide de pouvoir et si le vide de pouvoir devient de plus en plus évident, les gens vont réclamer justement à exercer le pouvoir.

Imaginons que l’Etat soit attaqué dans son système justement et qu’il ne puisse pas exercer son pouvoir, que les canaux d’irrigation soient bouchés, alors n’importe quel démagogue pourra promettre un exercice de pouvoir et comme Platon l’avait prévu, la tyrannie s’installe. Parce qu’en réalité le problème qui se pose n’est pas celui de la démocratie, mais comment éviter d’arriver à la tyrannie.

 

 

 

 

 

Si le système démocratique n’est pas basé sur le principe d’autorité de la sagesse, il y a de fortes chances que tôt ou tard ce système tombe, fasse le lit à la tyrannie donc au totalitarisme. C’est le vrai problème. On croit que la démocratie est le meilleur rempart contre le totalitarisme mais dans le fond, à moyen terme, il fait le lit de la tyrannie. D’où l’importance du vaccin de la philosophie. Seule la philosophie peut permettre aux valeurs de la démocratie d’être vécues.

 

 

 

Un autre problème : Concrètement, la source d’autorité de ce monde n’est pas du tout le peuple, c’est l’argent hérité ou produit ; c’est pour cela que je dis qu’il y a mensonge parce qu’en réalité, nos systèmes ne sont pas démocratiques mais oligarchiques ; on raconte des mensonges au peuple pour lui faire croire qu’il est en démocratie.

 

 

 

 

C’est pour cela qu’on ne veut pas l’éduquer parce qu’il se rendrait compte. Et s’il se rendait compte, il se libèrerait de la Caverne et les Maîtres de la Caverne ne le tiendraient plus.

 

 

 

Le mythe de la démocratie est entretenu par l’oligarchie pour garder le pouvoir. Et c’est cela notre critique. La démocratie nous lie à la tyrannie et nous cache qui tire réellement les ficelles et cela nous éloigne énormément de la sagesse. La tyrannie et l’oligarchie sont contraires à l’idéal philosophique. La démocratie est l’aliénation de notre attente par le vide de pouvoir.

 

 

 

Le 20e siècle a eu des exemples d’autogestion et beaucoup de gens y ont cru. Cela a donné de graves problèmes. Tout le monde est revenu au capitalisme mais c’est l’oligarchie et pas la démocratie ; le capitalisme n’est pas la démocratie.

 

 

 

 

La Révolution française a été une révolution bourgeoise, oligarchique, pas populaire ; la révolution dite populaire fut la révolution bolchevique qui a donné ce que ça a donné et l’on est très vite passé de la démocratie à la tyrannie. Ce qui a sauvé la Révolution française, c’est qu’elle était oligarchique, avec une façade démocratique et comme cela, ils ne sont pas arrivés à la tyrannie.

 

 

 

Quelques propriétés privées, quelques valeurs de base. Ils ont pu manger. Mais on l’oublie et c’est le petit problème. Chaque fois qu’on a essayé d’élire un patron, l’entreprise s’est effondrée. C’est logique car c’est le patron du système qui a l’autorité, celui qui a l’ambition, celui qui a l’idée, c’est lui qui a la vision. Même pour faire un idéal matérialiste, on a besoin d’un principe d’autorité par rapport à une connaissance, à un besoin d’ambition.

 

 

 

 

Par rapport à l’idée de pouvoir, un penseur espagnol du nom d’Ortega Gasset, a écrit deux livres intéressants : L’Espagne invertébrée et la Rébellion des masses ; il parle de l’inexistence totale d’une aristocratie de l’esprit capable de vertébrer le système de vie social et de former un projet concret de vie en commun.

 

 

 

C’est valable pour le monde entier. Nous n’avons pas de gens capables de se battre pour des idées et d’en être un exemple. La crise des valeurs spirituelles se reflète dans le manque d’engagement et de combat pour des valeurs et bien sûr par l’incapacité d’éduquer.

 

 

 

Quelques idées qui viennent en appui au mythe de la démocratie : le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument. C’est une phrase de Hobbes reprise par Montesquieu. C’est la crainte qui s’est installée dans le peuple, la méfiance envers ceux qui pourraient avoir un peu plus de pouvoir que les autres.

 

 

 

L’idée c’est que plus de pouvoir on a, plus on peut se corrompre. Alors apparaît la nécessité que va expliquer Montesquieu, de limiter les pouvoirs à travers la doctrine de séparation des trois pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire. Les trois pouvoirs doivent se contrecarrer l’un l’autre pour se rééquilibrer.

 

 

 

 

C’est un sujet très intéressant : le pouvoir corrompt les gens corruptibles et pas forcément les gens qui ont beaucoup de pouvoir. La corruption n’est pas une question de quantité (les sommes que l’on détourne) mais elle vient de la fragilité de quelqu’un, de sa fêlure intérieure.

 

 

 

On entend souvent dans les médias que la criminalité vient de la pauvreté. Alors, pourquoi des gens riches sont-ils corrompus ? C’est en fait une question de vie morale, de formation morale. C’est une question de moralité et pas de pauvreté, car des gens au pouvoir peuvent être des voleurs, mais des gens dans les bidonvilles, également.

 

 

 

 Il est vrai qu’il peut y avoir une perte de repères plus rapide dans les bidonvilles car il y a un manque d’éducation. Mais ce n’est pas la pauvreté qui en est la cause, c’est le manque d’exigence, d’effort, d’éducation.

 

 

 

Nos grands-parents étaient plus pauvres que nous, mais ils avaient des valeurs, sans être des gens de pouvoir ; ils avaient une religion et une éducation. Ils n’auraient pas accepté de se corrompre. Aujourd’hui, il y a un manque d’exigence envers soi-même. La société est incapable d’éduquer les enfants. Il faut un acquis qui se transmette de génération en génération.

 

 

 

Montesquieu disait qu’il y a trois Ecoles : l’école de la vie, l’école des parents et l’école ; si les trois sont en harmonie, c’est bien. S’il en reste deux sur trois, cela va encore et s’il n’y en a plus, c’est la barbarie. C’est ainsi que s’effondrent les sociétés. On est ce qu’on est et non pas ce qu’on a, ce qu’on possède.

 

 

 

Il y a toujours eu des gens intègres et d’autres qu’il faut éduquer. La corruption en soi doit être traitée avec beaucoup d’exigence et de formation.

 

 

 

Autre exemple : celui de la prostitution. Dans de nombreux pays, les jeunes filles qui se prostituent sont de classe moyenne et le font pour s’acheter des gadgets et des vêtements à la mode. Elles sont victimes de la société de consommation où il est plus important de se montrer que d’être.

 

 

 

Il y a toujours eu des gens intègres et des gens qui ne le sont pas. Si on éduque, on a plus de gens intègres et on peut réduire la marge.

 

 

 

Un autre axiome qu’on entend souvent : la démocratie fait que les gouvernements changent souvent et alors, on lutte contre la corruption. Ceci est loin d’être prouvé ! Comme les gouvernants savent qu’ils ne vont pas rester longtemps, ils détournent le plus possible d’argent et le plus vite possible. L’argument selon lequel la rotation des gouvernements permet une diminution de la corruption est donc faux. Il est important de déminer les fausses idées et conceptions des gens sur le sujet.