Le Dragon, l'Aigle, le Tribann

 “...Pourquoi le dragon  des Bretons?...”. Le dragon, ou serpent, se retrouve dans le monde celtique, l’Europe et tout le monde traditionnel. C’est  un symbole chtonien des forces de la nature, du territoire et des forces souterraines. Dans le symbole général du Cercle Maksen Wledig, il représente donc le troisième niveau, ou troisième cercle, celui du territoire, du plan physique, (matière, énergie) de la nature, de l’éthique. Le dragon est lié à toutes les croyances religieuses de l'Antiquité, sous un aspect tantôt bienfaisant, tantôt malfaisant.

Il représente les forces indifférenciées d'avant la création et c'est ainsi que l'on trouve, dans la tradition babylonienne, l'image de ce serpent dragon femelle, Tiamat, qui, vaincue par le dieu héros Marduk, sera dépecée, faisant ainsi naître le Ciel, la Terre et tous les êtres vivants. En Egypte, dans certaines cosmogonies, le Noun, océan indifférencié des potentialités, est associé au dragon serpent Apap (Apophis pour les Grecs) qui, chaque nuit, menace de dissolution le Soleil et toute la création.

En Egypte, lors de la fondation du temple, on doit clouer au sol le serpent des puissances de la terre pour pouvoir entreprendre la construction. Les mêmes rites magiques propitiatoires se retrouvent en Chine dans la science de la géomancie.

Une forme bénéfique du serpent, en Egypte, sera l'Uréus, déesse féminine qui représente l'œil de Ré, flamme devenue serpent, symbole de la vigilance en éveil, qui protège le front du Pharaon.

En Grèce, Delphes possédait, depuis des temps reculés, un oracle gardé par le Python, serpent dragon, génie serviteur de la déesse Gaïa. Vaincu par le dieu solaire, Apollon, il restera sur place et, maîtrisé mais non détruit,.

transmettra le pouvoir oraculaire au fils de Zeus, à travers les vapeurs qu'il exhale.

Dans la tradition celtique, ces énergies souterraines, se manifestant parfois sous la forme de "femmes serpent", donneront notamment naissance à la tradition de la Vouivre. Dans le cycle arthurien elles apparaissent dans l'épisode de la tour qui s'écroule chaque fois qu'on tente de l'édifier : grâce à Merlin, l'Enchanteur, on découvrira qu'elle abrite sous ses fondations deux dragons ennemis qui se combattent.

Chez les Mongols, inspirés par les Chinois, le serpent - dragon est un des douze animaux célestes. Il tourne sur lui-même et autour de l'univers. Il passe l'hiver sous terre d'où il sort au printemps pour monter au ciel. Il est ambivalent et soutient l'arbre de vie.

En Grèce, le même combat entre les forces de la différenciation et celles de la nuit a lieu entre Zeus et le serpent dragon Typhon, lors de la Gigantomachie.

L'aspect bienfaisant du serpent apparaît en Orient, où le Serpent dragon est symbole de la Sagesse, tantôt céleste, tantôt terrestre, issue de la maîtrise des énergies de la Terre et du Ciel. Chez les Mayas, les prêtres chamans sont associés à l'image du serpent de la sagesse.

En Inde, les rois serpents Nagas sont des divinités protectrices des fleuves, porteurs de vie et de fécondité mais aussi de sagesse ancestrale.

En Egypte, la Montagne de l'Occident est gardée par Oudjat, la déesse serpent, dame du Silence ; elle remplit aussi les fonctions de protectrice du grenier. Dans la Grèce mycénienne, Athéna était une déesse du foyer et des greniers, également protégés par le serpent qui apparaît sur son bouclier, l'égide. Le serpent est donc gardien des lieux.

Les dieux guérisseurs, Apollon et Asclépios, le portent autour de leur bâton.

Hermès, dieu de la sagesse et maître des chemins et des carrefours, trouva un jour deux serpents en train de se battre et, leur tapant sur la tête avec son bâton de pèlerin, parvint à les concilier ; tous deux s'enroulèrent autour de ce bâton qui deviendra le caducée, symbole de la capacité à relier les contraires - les énergies solaires et lunaires - autour d'un axe vertical.

Reprenant un mythe cosmogonique égyptien, nous retrouverons, en Grèce et ensuite chez les Gnostiques, l'image de l'Œuf du Monde couvé par le Serpent qui symbolise le souffle ou pneuma de l'Esprit.

Chez les Romains, l'aspect chtonien et guérisseur du serpent est le plus important et il est associé à Apollon, Esculape, Hygie et Valetudo (la Santé). Juno Sospita, la "protectrice", est la patronne de Lanuvium, près de Rome, où l'on pratiquait un rite annuel pour savoir si l'année serait fertile. Une jeune fille allait nourrir un serpent qui habitait au cœur d'une grotte. Si le serpent acceptait les gâteaux, l'année serait bonne ; dans le cas contraire, elle serait stérile.

Les Romains associaient aussi aux serpents les âmes des défunts : Virgile raconte, dans L'Enéide, comment Enée voit un serpent se glisser près de la sépulture de son père et goûter les mets sacrés qu'il y a déposés avant de regagner le fond du tombeau, augure d'un message des ancêtres qui signifie qu'ils en acceptent l'offrande.

En Gaule, le serpent en relation avec les puissances chtoniennes apparaît parfois associé au bélier. Cette combinaison pouvait être en rapport avec le culte du foyer, car le bélier est souvent en rapport avec le feu.

Le deuxième niveau ou deuxième cercle, “l’aigle”, représente et symbolise le plan psychique (émotionnel, rationnel), de la société, de la culture. L’ensemble de ces deux niveaux représente la personnalité mortelle d’un homme ou d’un pays. Un homme est un pays en modèle réduit…

Le premier niveau, ou premier cercle, le “tribann”, ou triskèle, ou trilogie, ou triple logos de l’esprit etc... représente l’être immortel. Il symbolise le plan historique, celui de l’État. C’est celui de la civilisation. En Bretagne, c’est actuellement « Breizh » embryonnaire, l’Emsav à développer et structurer pour remplacer l’État français.