Mateuw FAL Président de "Amitiés France Afrique Noire" à Kêrvreizh
Je connais depuis 20 ans le Français Mateuw FAL. Il est le Président des Amitiés France-Afrique-Noire. Il nous a fait l'honneur de venir nous livrer à Kêrvreizh, la richesse des contes africains. Il participe déjà tous les ans aux animations de la "Fête de l'Humanité". Il est reconnu par le Parti Communiste comme un ambassadeur de la culture africaine.
Nous pouvons nous en inspirer pour parcourir les chemins du temps qui se déroule sous nos pieds. Ceci pour le renouveau de notre civilisation celto-germano-gréco-romaine menacée... pour notre renaissance et l'avenir de notre grande Europe...
Mateuw Fal cite souvent Léopold Sédar Senghor, produit de la France jacobine...
L'Origine du divorce
Il était une fois un homme et une femme mariés qui vivaient heureux. Lui allait à la chasse et elle cultivait un grand champs de maïs qui s'étendait à l'infini. Malheureusement, un groupe de gorille venait régulièrement piller la récolte. Un jour, il fut sollicité par sa femme pour chasser les gorilles qui endommageaient le champs. Mais il refusa, disant que s'il surveillait un coin, les gorilles allait saccager de l'autre côté.
Un matin, la femme en eut assez et décida de chasser elle-même les gorilles de son champs. Elle emporta au champs le carquois et l'arc de son mari pendant que celui-ci dormait. Arrivée là-bas, elle se mit à l'affût, bien cachée derrière un buisson. Peu de temps après, tout un groupe de singe arriva pour prendre le petit déjeuner. La femme sorti une flèche du carquois et la décrocha sur le plus gros d'entre eux, leur chef, qui s'écroula.
Les gorilles s'enfuirent en emportant le corps inanimé de leur chef. De retour au village, la femme alla annoncer à son mari qu'elle s'était occupée elle-même des bêtes qui ravageaient sa récolte. Au lieu de la féliciter, l'homme se mit en colère sous prétexte qu'elle avait perdu sa flèche. Elle fut donc obligé de retourner sur ses pas pour la récupérer. Dans son chagrin elle se mit à chanter :
Tiandé kwouè oho dé kwouè, tiandé
Ta di tabassoué, tiandé
Bou ayé soun, tiandé
Soun ayé bou, tiandé
Djrou ayé cloui, tiandé
Cloui ayé djrou, tiandé (etc)
(l'auditoire reprend " tiandé " à la fin de chaque phrase du conteur)
Mince alors ! aller chez les gorilles, aller chez les gorilles, mince alors !
La flèche a atteint quelle partie d'abord ? mince alors !
La jambe ou le bras ? mince alors !
Le bras ou la jambe ? mince alors !
La tête ou le ventre ? mince alors !
Le ventre ou la tête ? mince alors !(etc)
Elle marcha pendant deux jours et une nuit en suivant les traces des gorilles avant d'arriver à leur village. Des centaines de gorilles immenses et féroces s'étaient réunis pour pleurer autour du corps de leur chef mort. Et la fameuse flèche était encore plantée dans sa poitrine. Alors, elle se jeta dans la foule et se mit à pleurer tout en chantant (Tiandé kwouè…) et en faisant de grande démonstration de douleur.
Un peu surpris, les primates lui demandèrent qui elle était car en ce temps là, les hommes et les animaux se comprenaient. Elle répondit alors qu'elle était venu de très loin dès qu'elle avait appris le décès du grand singe, qui était son parent éloigné mais adoré.
Au bout de plusieurs jours, même les enfants du chef étaient fatigués de pleurer mais elle continuait à hurler et à se rouler par terre dans une mare de pleurs. De sorte que tous les singes se sentaient gênés qu'une parente éloigné soit plus chagrinés qu'eux-mêmes, ses proches.
Alors, il lui demandèrent si quelque chose pourrait diminuer sa peine. Elle leurs dit que s'ils pouvaient lui donner la flèche qui était à l'origine du décès, elle rentrerait chez elle avec un souvenir de son parent adoré. Ils lui donnèrent la fameuse flèche avant de la raccompagner aux portes de leur village. Une fois rentrée chez elle, elle donna la flèche à son mari et décida de le quitter. Ainsi, par eux, arriva le premier divorce.
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Yann-Ber TILLENON. Kêrvreizh
Le grand académicien français Léopold sédar Senghor était un tres bon conteur africain, comme Mateuw Fal...
La création des hommes blancs, noirs, rouges et jaunes
" Autrefois, une grosse calebasse avala les hommes du monde entier, sauf une femme en état de grossesse qui s'était cachée. Elle se réfugia dans la brousse et y vécut seule sans aide d aucune sorte. Un jour, elle accoucha de deux garçons jumeaux. L'un se nomma " Théhé" qui signifie un fameux guerrier, l'autre eut pour nom Oulaïne Gnon Soa qui veut dire : soldat de Dieu.
Ces enfants naquirent, armés de lances, arcs, flèches et couteaux de guerre Ils grandirent aux côtés de leur mère. Parvenus à l'âge d'homme, ils étaient devenus tous deux d'habiles chasseurs, tuant les éléphants, les panthères, mais surtout les animaux cruels.
Un jour, leur mère leur dit :
- " La calebasse a avalé votre père, votre grand-père, votre grand-mère, tous vos ancêtres et tous vos frères et sœurs. Les enfants furent vivement émus en entendant ces paroles. Ils demandèrent :
- " Maman, où se trouve cette diable de calebasse ? La mère eut peur de la leur montrer, car elle était dangereuse, ayant déjà avalé ses parents, son mari, et tous les hommes du monde. Si elle parvenait encore à avaler ces derniers pauvres enfants, la mère resterait seule, malheureuse et remplie de chagrin
- " Ne craignez rien Maman, lui dirent les jumeaux. Montrez-nous où se trouve la cruelle calebasse pour que nous allions la combattre. Les jumeaux allèrent se coucher.
Le matin, à l'aube, ils s'armèrent de lances, arcs flèches et couteaux de guerre, puis partirent vers l'endroit désigné. De loir, ils entendaient les cris de la calebasse au milieu de la forêt :
- " Toaclignolé, a clignoho... qui signifient : "C'est moi cette énorme calebasse qui ai avalé les hommes du monde entier. Si j en trouve d'autres aujourd'hui, je les avalerai encore. "
Les enfants se murmurèrent l'un à l'autre de marcher tout doucement. En approchant un peu, ils aperçurent l'énorme calebasse qui rugissait, roulant en montant et descendant une côte. Ils se firent des signes. Immédiatement, l'un passa du côté où elle descendait, l'autre de celui où elle montait.
La calebasse entre eux répétait ses menaces, en se dirigeant vers le haut. L'enfant, un genou en terre, en position de guerre, envoya sa flèche.Peffih! Elle pénétra en plein cœur de la calebasse qui roula de l'autre côté où le second enfant l'attendait. D'un coup de lance, il la fendit en deux. La calebasse s'ouvrit : les hommes étaient superposés comme les rayons de cire dans une ruche, sur quatre couches.
Sur le premier rayon, étaient les corps blancs, c'est-à-dire les Européens de France ; sur le second : les corps jaunes, c'est-à-dire les Allemands ; sur le troisième : les corps rouges, c'est-à-dire les Esquimaux des pôles nord et sud ; sur le quatrième : les Noirs d'Afrique.
Après leur délivrance, les hommes repartirent dans leur pays. C'est grâce aux deux jumeaux que des races de différentes couleurs vivent aujourd'hui sur terre. "
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Yann-Ber TILLENON. Kêrvreizh
II y avait autrefois sur une montagne une vieille femme Tapidé qui habitait seule dans une grotte. Un jour, la famine éclata dans le pays de l'araignée. Très affamée, celle-ci partit en promenade chercher de la nourriture. A quinze kilomètres de son logis, apercevant une énorme montagne au milieu d'une grande forêt, elle s'y dirigea et rencontra la vieille femme, seule dans sa grotte.
- "Bonjour chère grand-mère, dit-elle.
- "Bonjour cher enfant, répondit la vieille. Que désires-tu cher enfant ?
- "Chère grand-mère, je suis orphelin. Mon père et ma mère sont morts. Je n'ai plus personne pour s'occuper de moi. J'ai faim.
La bonne vieille lui dit alors :
- "Viens avec moi, je te nourrirai. Mais je dois te dire une chose : moi, Tapidé, je dors pendant six mois, et je reste éveillée les six autres mois de l'année.
Lorsque l'araignée arriva, il restait encore six mois à la vieille avant, de dormir. Tapidé vécut pendant ce temps avec la pauvre araignée.
Au dernier mois. elle lui dit :
- "Cher enfant, mon temps de dormir arrive. Va chez toi, je ferme la montagne.
Très gourmande, l'araignée ne voulait plus s'en aller. Elle refusa catégoriquement. Quand il resta deux jours à la vieille, celle-ci avertit encore l'araignée, lui disant, que son sommeil serait long.
Mais l'araignée s'obstina. Le temps arriva et la vieille femme ferma la montagne. Durant deux mois, l'araignée mangea le peu de nourriture qui restait, mais au bout du troisième mois, la faim l'attaqua. Elle essaya de réveiller la vieille, en chantant :
- " Tapidé é é é Tapidé toutaboho tapidé é é é tapidé... ce qui signifie : Réveille-toi grand-mère...
Elle prit la vieille dans ses bras, la secoua, la brûla avec les tisons qui restaient au foyer, mais la femme ne se réveilla pas. L'araignée frappa de ses poings les parois de la grotte, mais la montagne demeura hermétiquement close. Au quatrième mois, l'araignée mourut. A la fin du sixième, la vieille se réveilla et trouva le corps de la mendiante et gourmande araignée tout sec. Elle le prit et le jeta dehors."
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Yann-Ber TILLENON. Kêrvreizh